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Le blog de patybio

texte de connaissances

A propos du visage ! Emmanuel LEVINAS

2 Novembre 2018, 18:06pm

Publié par patybio

Tout ce que j'aime et qui me fait avancer à grands pas dans le fil de la pensée "d'Emmanuel Lévinas"

Tout ce que j'aime et qui me fait avancer à grands pas dans le fil de la pensée "d'Emmanuel Lévinas"

A propos du visage !

"Le visage est ce qu'il y a de plus nu, il est ce par quoi l'altérité se révèle à moi, sans détours. Le visage manifeste l'altérité irréductible d'autrui. Irréductible à toute représentation, plastique, intellectuelle, sociale, mon visage ne dit pas une imposante généalogie familiale ou une filiation anonyme. Il ne dit ni une appartenance de classe, de race ou de genre. L'irréductible altérité qu'il révèle est réfractaire à toute typologie, à tout genre, à toute caractérologie, à toute classification.Ainsi le visage, le visage d'autrui, n'est pas un phénomène parmi tous les autres phénomènes. Il est le signe de l'altérité, de ce qui nous échappe, absolument."

Emmanuel Levinas

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Marcher, c’est retrouver l’être essentiel !

20 Mai 2018, 17:36pm

Publié par patybio

Plus qu’une simple activité physique, la marche est avant tout un précieux outil pour éveiller ses sens et se reconnecter avec sa nature profonde. Pierre-Yves Brissiaud, psychothérapeute et auteur de Marche et Méditation (Ed. Jouvence, 2005), revient sur les bienfaits insoupçonnés de nos balades.

Marcher au bord de l'océan est un bonheur et un bien être absolu que j'affectionne immensément !

Marcher au bord de l'océan est un bonheur et un bien être absolu que j'affectionne immensément !

Marcher, c’est retrouver l’être essentiel !

Je pense qu'il faut revenir aux cultures ancestrales pour comprendre ce lien puissant entre la nature et nous. Selon la culture Tao, nous sommes le tout dans le tout, une partie de cet univers. Pierre-Yves Brissiaud psychothérapeute  :  "Quand nous marchons, l'éveil de nos sens n'est pas forcément une finalité. Lors d'une balade, nous allons d'abord renouer avec la sensorialité. La marche va être le lieu d'échange entre notre environnement extérieur et intérieur, nous permettre de comprendre les interactions entre « le dedans » et « le dehors ». Le vert tendre d'une clairière peut m'apporter une grande sensation de tendresse, l'odeur de l'herbe peut réveiller des souvenirs et susciter une émotion profonde. Mais ce n'est là qu'une première étape. Car marcher va également nous permettre de mettre le corps en mouvement, de sortir de l'immobilisme et de réveiller l'être. C'est seulement alors que nous sommes à même d'écouter les sens pour méditer, de prendre conscience d'une profondeur supplémentaire de notre être, de nous éloigner des sentiments de surface. La méditation relève de cette intentionnalité posée entre moi et moi-même, c'est une autre recherche, une réflexion du sens ET de la spiritualité".

Photo Soulac/sur Mer !

Photo Soulac/sur Mer !

Pierre-Yves Brissiaud : Nous sommes tous des êtres multiples, partagés entre notre moi existentiel et notre moi essentiel. L'existentiel est notre être social, conditionné, celui que nous montrons aux autres, celui qui est en quelque sorte, à l'extérieur de nous. Notre être essentiel, au contraire, est en lien avec notre nature profonde, que nous gardons souvent trop pour nous. Mais au final que désirons nous vraiment : être ce que l'on veut bien montrer à voir ou être un peu de ce que nous sommes vraiment ? Ai-je envie d'être à l'extérieur de moi-même ou à l'intérieur ? La réponse à ces questions n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Décider de moins subir les influences extérieures est aussi un risque : si je ne suis pas comme les autres, je risque de ne pas être accepté. A l'inverse, chercher à trop ressembler à l'autre, c'est gommer la différence qui nous constitue.
Finalement, ce qui semble intéressant pour chacun est de diminuer la distance entre l'être du dedans et l'être du dehors. La marche va nous le permettre par le mouvement et les sensations. A l'image de la musique, elle nous fait ressentir des sensations intenses, profondes. En renouant avec cette nature profonde, on abandonne un peu de l'être extérieur et nous retrouvons nos valeurs intérieures. La nature nous accueille tels que nous sommes, sans jugement, et c'est ainsi que nous pouvons laisser s'exprimer l'essentiel.
Source :Psychologie

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Comment puis-je établir une relation d'aide ?

19 Février 2018, 14:39pm

Publié par patybio

Comment puis-je établir une relation d'aide ?

Comment puis-je établir une relation d'aide ?

1 - Suis-je authentique ?

2 - Ai-je bien conscience de moi ?

3 - Suis-je capable de relations positives ?

4 - Ai-je la force d'être distinct ?

5 - Ai-je assez de sécurité intérieure pour laisser l'autre libre ?

6 - Ma compréhension empathique : jusqu'où peut-elle aller ?

7 - Puis-je accepter l'autre tel qu'il est ?

8 - Puis-je lui apporter la sécurité dans notre relation ?

9 - Sans jugement ni évaluation ?

10 - Puis-je le voir "en développement" ?

11 - Conclusion

1 - Suis-je authentique ?

Puis-je avoir une façon "d'être" qui sera profondément perçue par l'autre personne comme digne de confiance, fiable ou conséquente?

La recherche et l'expérience ont toutes deux montré que c'est très important, et à travers les années, mes convictions me sont apparues comme des moyens plus profonds et meilleurs pour répondre à cette question.

J'avais l'habitude de penser que si je remplissais toutes les conditions extérieures de loyauté (maintenir les rendez-vous, respecter le caractère secret des interviews, etc...) et si je me montrais conséquent d'une façon constante durant les entretiens, alors les conditions seraient remplies.

Mais l'expérience m'a montré que, par exemple, pratiquer une acceptation conséquente, alors qu'en fait je m'ennuyais ou j'étais sceptique, ou je ressentais un autre sentiment non acceptant, était à coup sûr perçu à la longue comme inconséquent et indigne de confiance.

J'ai dû reconnaître qu'être digne de confiance ne demandait pas que je sois conséquent avec rigidité mais que je sois solidement authentique.

Le terme "congruent" est un terme que j'ai pour décrire comment j'aimerais être.

Je veux dire par là que quel que soit le sentiment ou l'état d'esprit que je serais en train de vivre, il s'harmoniserait avec le conscience de cette attitude.

Quand cela est vrai, je suis alors une personne unifiée ou intégrée, à ce moment là, et de ce fait, je peux "être", quoique profondément "je sois".

C'est une réalité sur laquelle je compte autant que les autres expériences.

2 - Ai-je bien conscience de moi ?

Une question étroitement liée à celle-là est la suivante :

En tant que personne, puis-je être suffisamment expressif de façon à communiquer sans ambiguité ce que je suis ?

Je pense que la plupart de mes échecs pour réaliser une relation d'aide peuvent remonter à des réponses non satisfaisantes à ces 2 questions.

Quand je m'ennuie avec une autre personne mais que j'en suis inconscient, ma communication contient alors des messages contradictoires.

Mes mots font passer un message, mais je communique également, par des moyens subtils, l'ennui que je ressens et celà trouble l'autre personne et le rend plus méfiant, quoiqu'il puisse également être inconscient de ce qui provoque la difficulté.

Quand, en tant que parent, ou thérapeute, ou enseignant ou administrateur, j'échoue dans l'écoute de ce qui se passe en moi, à cause de mes propres défenses à ressentir mes propres sentiments, alors ce genre d'échec semble se produire.

Il m'est apparu que la part importante de l'apprentissage fondamental pour quiconque espère établir n'importe quel type de relation d'aide, est le fait qu'il n'est pas dangereux d'être authentique avec transparence.

Si dans une relation donnée, je suis raisonnablement congruent, si aucun sentiment en rapport avec la relation ne reste caché; soit à moi, soit à l'autre personne, alors je peux être presque sûr que la relation sera une relation aidante.

Une façon d'exprimer cela qui pourrait vous paraître étrange est que si je peux établir une relation d'aide avec moi-même (si je peux être conscient de mes émotions et les accepter), alors il y a de grandes chances pour que je puisse établir une relation d'aide avec l'autre.

Maintenant, accepter d'être ce que je suis, dans ce sens, et le montrer clairement à l'autre, est la tâche la plus difficile que je connaisse et que je ne réalise jamais pleinement.

Mais, réaliser que ceci "est" une tâche, a été très gratifiant, parce que cela m'a aidé à trouver ce qui n'a pas été dans des relations interpersonnelles qui devenaient houleuses, et de les remettre à nouveau sur une voie constructive.

Cela signifiait que si je veux faciliter le développement personnel des autres en relation avec moi, alors je dois me développer et quoique ce soit souvent douloureux, c'est également enrichissant.

3 - Suis-je capable de relations positives ?

Une troisième question est la suivante : puis-je me laisser aller à vivre des attitudes positives envers l'autre personne, attitudes de chaleur, d'attention, d'affection, d'intérêt, de respect ?

Ce n'est pas facile. Je trouve en moi-même, et je sens que je vois souvent dans les autres, un certain degré de peur de ces sentiments.

Nous avons peur de nous laisser pièger si nous nous laissons aller à vivre librement ces sentiments positifs envers une autre personne.

Nous pourrions faire l'objet d'exigences ou nous pourrions être déçus dans notre confiance et nous craignons ces problèmes.

Alors, en réaction, nous essayons de construire une distance entre nous et les autres : Raideur, une attitude "professionnelle", une relation impersonnelle.

Je sens très fortement que l'une des raisons importantes de la professionnalisation dans tous les domaines, est que celà aide à maintenir la distance.

Dans le domaine médical, nous formulons des diagnostics en considérant la personne comme un objet.

Dans l'enseignement et l'administration, nous développons toutes sortes de procédures d'évaluation de façon à percevoir, à nouveau, la personne comme un objet.

Par ces différents moyens, nous pouvons, je pense, fuir la possibilité de vivre l'expérience de "l'attention à l'autre" qui pourrait exister si nous reconnaissions la relation comme existante entre deux personnes.

C'est une véritable réussite quand nous pouvons apprendre, même dans certaines relations ou à certains moments dans ces relations, qu'il n'est pas dangereux de prodiguer l'attention, qu'il n'est pas dangereux d'établir un rapport avec l'autre en tant que personne pour laquelle nous avons des sentiments positifs.

4 - Ai-je la force d'être distinct ?

Une autre question dons j'ai appris l'importance dans ma propre expérience, est la suivante :

Puis-je être suffisamment fort en tant qu'individu pour être distinct de l'autre ?

Puis-je être un solide défenseur de mes propres sentiments, mes propres besoins, aussi bien que des siens ?

Puis-je possèder, et si le besoin s'en fait sentir, exprimer mes propres sentiments comme quelque chose qui m'appartient, quelque chose de distinct de ses sentiments ?

Suis-je suffisamment fort dans ma propre distinction pour ne pas être démoralisé par sa dépression, effrayé par sa peur, ou englouti par sa dépendance ?

Mon moi intérieur est-il suffisamment robuste pour réaliser que je ne suis pas détruit par sa colère, envahi par son besoin de dépendance, ni asservi par son amour, mais que j'existe distinctement de lui avec mes propres sentiments et mes propres droits ?

Quand je peux librement sentir cette force d'être une personne distincte, alors je me rends compte que je peux me laisser aller à le comprendre et l'accepter beaucoup plus profondément parce que je n'ai pas peur de me perdre.

5 - Ai-je assez de sécurité intérieure pour laisser l'autre libre

La prochaine question est étroitement liée à la précédente :

Suis-je en moi-même suffisamment en sécurité pour lui permettre sa distinction ?

Puis-je lui permettre d'être ce qu'il est :

Honnête ou faux, infantile ou adulte, au désespoir ou trop sûr de lui ?

Ou ai-je le sentiment qu'il doit suivre mon conseil, ou rester d'une façon ou d'une autre dépendant de moi, ou se couler dans le même moule que moi ?

A ce propos je pense au petit travail intéressant de Farson qui a montré que le conseil le moins adéquat et le moins compétent tend à induire la conformité à sa personne, à avoir des clients qui se modèlent à son image.

D'autre part, le conseil le plus adéquat et le plus compétent peut avoir des interactions avec un client à travers de nombreux entretiens sans interfèrer avec la liberté du client à développer une personnalité tout à fait distincte de celle de son thérapeute.

Je préférerais être dans cette dernière catégorie en tant que parent, superviseur ou conseil.

 

- Ma compréhension empathique : jusqu'où peut-elle aller

Une autre question que je me pose est celle-ci :

Puis-je me laisser aller à m'introduire pleinement dans le monde de ses sentiments et de ses significations personnelles et les considérer comme il le fait ?

Puis-je plonger dans son univers privé si totalement que j'en perds tout désir de l'évaluer ou le juger ?

Puis-je y pénétrer avec tant de sensibilité que je puisse m'y mouvoir librement sans piétiner des significations qui lui sont précieuses ?

Puis-je le sentir avec tant d'acuité que je puisse non seulement comprendre les significations de son expérience qui sont évidentes pour lui, mais aussi ces significations qui sont seulement implicites, qu'il perçoit vaguement ou comme de la confusion ?

Puis-je étendre cette compréhension sans aucune limite ?

Je pense au client qui a dit :

"Chaque fois que je trouve quelqu'un qui comprend une "partie" de moi sur le moment, alors ça ne rate jamais, j'atteins un point où je sais que je ne suis "pas" compris encore une fois.... Ce que j'ai cherché si âprement, c'est quelqu'un à comprendre".

En ce qui me concerne, je trouve plus facile de sentir ce type de compréhension, et de le communiquer à mes clients individuels, plutôt qu'aux étudiants dans une classe ou aux menbres du staff d'un groupe dans lequel je suis impliqué.

Il y a une énorme tentation à tenir les étudiants "sérieux" ou à pointer à un membre du staff les erreurs de son raisonnement.

Cependant dans ces situations, quand je peux me permettre de comprendre, c'est mutuellement gratifiant.

Et avec mes clients en thérapie je suis souvent impressionné par le fait que même un minimum de compréhension empathique - une tentative hésitante et incorrecte d'appréhender la confuse complexité de la situation du client - est aidante, bien que sans aucun doute, celà aide beaucoup plus lorsque je peux voir et formuler clairement les significations de son vécu qui, pour lui, ont été confuses et embrouillées.

7 - Puis-je accepter l'autre tel qu'il est ?

Encore une autre question, c'est de savoir si je peux accepter chacune des facettes que me présente cette autre personne.

Puis-je l'accueillir telle qu'elle est ?

Puis-je communiquer cette disposition ?

Ou ne puis-je l'accueillir que conditionnellement ouvert à quelques aspects de ses sentiments et silencieusement ou franchement désapprobateur sur d'autres aspects ?

D'après mon expérience, lorsqu'une attitude est conditionnelle, elle ne peut alors développer ou changer les aspects que je ne peux pleinement accueillir.

Et quand - plus tard et souvent trop tard - j'essaye de découvrir pourquoi je n'ai pas été capable de l'accepter à tous les égards, je découvre généralement que c'est parce que j'ai été profondément effrayé ou que je me suis senti menacé par quelque aspect de ses sentiments.

Si je dois être plus aidant, alors je dois me développer et m'accepter à ces égards.

8 - Puis-je lui apporter la sécurité dans notre relation ?

La question suivante soulève un problème très pratique :

Puis-je agir avec assez de sensibilité dans la relation de façon à ce que mon comportement ne soit pas perçu comme une menace ?

Le travail que nous commençons à entreprendre en étudiant les concomitants psychologiques de la psychothérapie confirme la recherche de Dittes en indiquant combien facilement les individus se sentent menacés au niveau physiologique.

Le réflexe psychogalvanique - la mesure de la conductibilité de la peau - pique du nez quand la réponse du thérapeute est juste un peu plus forte que le sentiment du client.

Et, à une phrase de ce genre "My, tu as l'air triste", l'aiguille bondit presque hors du papier.

Mon désir d'éviter d'être menaçant même à une si petite échelle n'est pas dû à une hypersensibilité vis-à-vis de mon client.

Il est simplement dû à une conviction, basée sur l'expérience, que si je peux le libérer aussi complètement que possible de la menace extérieure, il peut alors commencer à vivre et s'occuper des sentiments et des conflits qui l'habitent et dont il se sent menacé.

9 - Sans jugement ni évaluation ?

Un aspect spécifique mais important de la précédente question est celui-ci:

Puis-je le libérer de la menace du regard évaluateur des autres ?

Dans presque toutes les phases de notre vie - à la maison, à l'école, au travail - nous nous sommes trouvés sous les jugements extérieurs exprimés sous forme de récompenses et punitions :

"C'est bien", "c'est vilain", "ça vaut un A", "c'est un échec", "c'est un bon conseil", "c'est un conseil minable".

De tels jugements sont une part de notre vie de l'enfance à la vieillesse.

Je pense qu'ils ont une certaine utilité sociale dans les institutions et dans les organisations comme les écoles ou les corps professionnels.

Comme chacun de nous, je me suis trouvé bien trop souvent en train de faire de telles évalutations.

Mais mon expérience m'a montré qu'ils ne marchent pas pour le développement personnel et de ce fait je ne crois pas qu'ils soient un élément de la relation d'aide.

Curieusement, une évaluation positive est à la longue aussi menaçante qu'une négative, du fait que dire à quelqu'un qu'il est "bien" vous donne aussi le droit de lui dire qu'il est "mal".

J'en suis donc arrivé à sentir que plus j'arriverais à maintenir une relation exempte de jugement et d'évaluation, plus cela permetrait à l'autre personne d'atteindre un point où il reconnaîtrait que le lieu de l'évaluation, le centre de la responsabilité réside en lui-même.

La signification et la valeur de son expérience est en dernière analyse quelque chose qui dépend de lui et aucun jugement extérieur ne peut changer cela.

Je préférerais donc oeuvrer dans le sens d'une relation dans laquelle je ne suis pas, même dans les sentiments qui me sont propres, en train de l'évaluer.

Je crois que ceci peut lui donner la liberté d'être une personne responsable d'elle même.

 

10 - Puis-je le voir "en développement" ?

Une dernière question :

Puis-je rencontrer cet autre individu comme une personne dans un processus " de développement" ou vais-je être limité par son passé et par mon passé ?

Si, dans ma rencontre avec lui, je le considère comme un enfant immature, ou un étudiant ignorant, ou un névropathe, ou un psychopathe, chacun de ces concepts qui m'appartiennent le limitera dans ce qu'il peut -être dans la relation.

Martin Buber, le philosophe existentialiste de l'université de Jérusalem, a une phrase :

"Confirmer l'autre" qui a eu une signification pour moi.

Il dit "Confirmer veut dire...accepter tout le potentiel de l'autre...Je peux reconnaître en lui, connaître en lui la personne qu'il a été...créé pour se développer...je le confirme en moi, puis en lui-même, en rapport avec cette potentialité que...peut alors être développé, peut évoluer".

Si j'accepte l'autre personne comme quelque chose de statique déjà diagnostiquée et classée, déjà modelée par son passé, alors je contribue à confirmer cette hypothèse limitée.

Si je l'accepte comme un processus "en développement", alors je fais ce que je peux pour confirmer ou rendre effectives ses potentialités.

C'est sur ce point que je vois Verplank, Lindsley et Skinner, en travaillant sur le conditionnement opérant, rencontrer Buber, le philosophe ou le mystique.

Tout au moins se regroupent-ils en principe d'une étrange façon.

Si je considère une relation uniquement comme une occasion de renforcer une certaine catégorie de mots ou d'opinions chez l'autre, alors j'ai tendance à le confirmer en tant qu'objet - un objet fondamentalement mécanique ou manipulable.

Et si je reconnais ce fait comme son potentiel, il aura tendance à agir dans le sens de la confirmation de cette hypothèse.

D'autre part, si je reconnais la relation comme une opportunité de "renforcer" tout ce qu'il est, la personne qu'il est avec toutes ses ressources existantes, alors il aura tendance à agir dans le sens qui confirmera cette dernière hypothèse.

Je l'aurai donc - pour utiliser de Buber - confirmé comme une personne vivante, capable d'un développement intérieur créatif.

Personnellement, je préfère cette deuxième sorte d'hypothèse.

CONCLUSION

Dans la première partie de cet article, j'ai examiné certaines contributions apportées par la recherche à notre connaissance sur les relations.

Essayant de conserver en mémoire cette connaissance, j'ai alors abordé le genre de questions qui émergent, de l'intérieur et subjectivement, quand je m'engage en tant que personne, dans les relations.

Si en moi-même je pouvais répondre par l'affirmative à toutes les questions que j'ai soulevées, alors je crois que toutes les relations dans lesquelles j'ai été impliqué auront été des relations d'aide, auront entraîné le développement.

Mais, je ne peux pas donner une réponse positive à la plupart de ces quesitons.

Je peux seulement travailler dans la direction de la réponse positive.

Cela a soulevé dans mon esprit un doute énorme :

La relation d'aide optimale est le type de relation établie par une personne qui est psychologiquement mûre...

En d'autres termes ma capacité de créer des relations qui facilitent le développement des autres en tant que personnes distinctes, est à la mesure du développement que j'ai déjà accompli en moi-même.

A certains égards, c'est une pensée qui dérange mais c'est aussi une pensée prometteuse et pleine de défis.

Cela voudrait dire que si je suis intéressé à créer des relations d'aide j'ai devant moi une perspective de vie professionnelle fascinante, étendant et développant mes ressources dans le sens du développement.

 

Je reste avec la pensée inconfortable que ce que j'ai travaillé pour moi dans cet article puisse n'avoir que peu de choses en commun avec vos intérêts et votre travail.

Si tel est le cas, je le regrette.

Mais je me sens au moins partiellement conforté par le fait que nous tous, qui travaillons dans le champ des relations humaines et qui essayons de comprendre l'ordre de base de ce domaine, sommes engagés dans la plus cruciale entreprise du monde d'aujourd'hui.

Si nous essayons de comprendre, d'une façon réfléchie, nos tâches d'administrateurs, enseignants, éducateurs, conseils professionnels, thérapeutes, nous travaillons alors sur le problème qui déterminera le futur de cette planète.

Car ce n'est pas de la Physique que le futur dépendra.

Il dépendra de nous qui essayons de comprendre et de nous occuper d'inter-actions entre les êtres humains, de nous qui essayons d'établir des relations d'aide.

Alors j'espère que les questions que je me suis posées seront de quelque utilité, pour vous, en vous aidant à comprendre davantage lorsque vous tentez, à votre façon de faciliter le développement dans vos relations.

Texte de Carl Rogers,

traduction Olga Kauffmann

sous-titres : Yves Le Petit-Laborde

Comment puis-je établir une relation d'aide ?

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Retrouver les bons souvenirs, c'est guérissant !

23 Septembre 2015, 10:36am

Publié par patybio

Château du Touvet !

Château du Touvet !

 

 

Retrouver les bons souvenirs, c'est guérissant !

 

Interview de Christiane Lewin par Miriam Gablier, journaliste

 

Les émotions affectent notre santé globale car elles entraînent toute une série de réactions psychologiques et physiologiques. Notre organisme réagit très différemment, selon que l'on ressente de la joie, de la tristesse ou de la colère.

La régression positive est une technique développée par la Psychologie Biodynamique qui permet de se nourrir de nos bonnes mémoires. Et nous en avons tous. Cette technique affinée au fil d'une longue pratique clinique, propose de redéployer nos sensations agréables pour permettre un travail thérapeutique profond et bienveillant.


Une augmentation des chances de guérison
L'effet des émotions sur la globalité de notre organisme n'est plus a démontrer. L'activation du système endocrinien, particulièrement sensible aux contenus émotionnels de notre psyché, a par exemple été très étudiée par la science. Pour chaque ressenti, un cocktail hormonal est libéré dans le sang qui va ensuite affecter le fonctionnement de nos cellules. Et les recherches sur les effets du stress ne manquent pas ! Affaiblissement du système immunitaire, troubles cardiovasculaires, de la digestion, sans parler des troubles du sommeil ou autres perturbations neurologiques. Mais si le stress est très étudié, le bien-être commence aussi à attirer l'attention des chercheurs. Car le bonheur ça fait du bien ! « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé » nous disait Voltaire. En effet, ces recherches mettent en évidence que les capacités de guérison du corps sont plus performantes lorsque nous nous sentons bien. « Les personnes optimistes ont tendance à avoir des défenses immunitaires plus puissantes que la moyenne des gens et une espérance de vie plus grande. A tel point que des personnes optimistes atteintes de maladies graves voient retardé le développement des symptômes et vivent plus longtemps. (1)»

 

Un élargissement du champ des possibles
Il est aussi intéressant de voir qu'au delà de leurs effets sur la santé, les émotions positives nous rendent plus disponibles à la vie. C'est à dire à l'imprévu, au nouveau, à la magie de l'instant. Quand nous nous sentons bien, nous devenons plus ouverts et adaptifs. Nous pouvons exprimer plus facilement nos potentiels et les chocs nous affectent moins. Les chercheurs B. Fredrickson et C. Braningan de l'Université du Michigan, ont mis en évidence que les émotions positives augmentent notre champ de perception là où les émotions négatives le réduisent. Ils montrent que les personnes ayant des émotions positives ont des schémas de pensée inhabituels, inclusifs et créatifs. Ils démontrent aussi que se sentir bien permet de constituer des réserves sur lesquelles on peut s'appuyer par la suite. « En tant que telles, ces ressources peuvent fonctionner comme des réserves dans lesquelles il sera possible de puiser plus tard et qui améliorent l'adaptation et les chances de survie. (2)»

 

Alors, comment faire ?
Si se dire « Je suis quelqu'un de bien » tous les matins ne fait certainement pas de mal, cela ne permet pas forcément d'accéder à un bien être réel. Il est intéressant de cultiver des pensées positives, mais les pensées ne restent que des pensées. Et s'il peut être avantageux d'importer dans notre psyché de nouveaux programmes favorables, pourquoi ne pas s'appuyer sur un potentiel positif qui est déjà là et qui sera surement plus adapté à la personne ? Ce que propose la régression positive n'est pas une reprogrammation mentale, mais une reconnexion avec la profondeur et le potentiel de notre noyau sain. La Psychologie Biodynamique part du principe que nous avons tous en nous un « bon fond ». Cette partie est fondamentalement vivante, aimante, curieuse, flexible, dotée d'un sens de l'éthique naturel et capable de respecter ses limites et celles des autres. Recontacter cette puissance vivante au travers des belles expériences que nous avons vécue dans notre vie, permet de stimuler de profonds mouvements de guérisons à tous les niveaux de l'être.

 

Ouvrir les mémoires corporelles
La Psychologie Biodynamique est une méthode fondamentalement psycho-corporelle - ce qui lui confère un avantage quand il s'agit de retrouver la globalité d'une expérience. Travaillant à la fois sur les niveaux psychologiques, émotionnels et corporels, elle sait « réchauffer » des mémoires qui ne seraient pas forcément accessibles par une prospection mentale. Lors d'une régression positive il y a donc un travail de préparation qui permet de rendre ces mémoires vives. Par des exercices physiques et respiratoires, il s'agit déjà de rendre l'organisme disponible à la remontée de souvenirs agréables. Ce protocole cherche entre autre à produire un état de relaxation profond et vise à ouvrir les 5 sens. Notre corps sensible est le creuset de notre existence, il est porteur de notre histoire. Et c'est par ses différents canaux sensoriels, que sont réveillées les mémoires de ces moments qui ont été bons pour nous. Plus le corps est disponible, plus l'organisme entier peut bénéficier des sensations qui se déploient quand la reconnexion avec une belle mémoire se fait.

 

Remonter le temps
Une fois que la personne est prête, il s'agit de remonter le temps, progressivement, pour aller visiter des souvenirs de moments qui ont été bons. Et ce qui est extraordinaire, c'est que même les personnes qui ont eu une histoire difficile, ont toutes vécu des instants de bien-être. Et toutes les sensations merveilleuses liées à ces instants heureux vont re-émerger et irriguer l'organisme. Les mêmes perceptions, images, odeurs, goûts qu'à l'époque où cela s'est produit peuvent apparaitre. Des hormones dites « du bonheur » vont alors être relâchées et vont venir nourrir le corps ; les sensations et émotions agréables vont nourrir la psyché. Et cela favorise l'émergence du noyau sain et l'apparition de profonds courants de guérison qui sont alors accompagnés par le thérapeute. Ces vagues peuvent parfois nettoyer sur leurs passages des souvenirs moins agréables, mais qui sont alors digérés dans cette ambiance bienveillante.

 

 Sources

(1) S. Mussel « L'optimisme : un atout de santé, pour les personnes, les entreprise et la société » - Le cercle les échos
(2) B. Fredrickson and C. Braningan « Positive emotions broaden the scope of attention and thought-actions repertories » - Psychology Press

 

 

 

 

 

 

         
Retrouver les bons souvenirs, c'est guérissant !

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Apprivoiser son enfant intérieur

8 Mai 2014, 14:04pm

Publié par patybio

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Apprivoiser son enfant intérieur


Merci à : "Marie-Andrée Delhamende" pour ce bel article !

Adulte, nous avons pourtant un enfant qui vit en nous dans le présent. C’est la partie sensible, créative, et régénératrice de notre intériorité.
Mais c’est aussi une partie blessée. Cet enfant qui continue à vivre en nous, quel que soit notre âge, est désigné, par le terme d’«enfant intérieur».
Elle fait de plus en plus partie de notre culture psychologique contemporaine. Mais en quoi donc cette notion d’«enfant intérieur» est-elle si parlante ?…

 

 

 


C ’est le psychologue Carl Gustav Jung qui remit au grand jour la notion du « puer aeternus », le nom latin donné à l’archétype de l’enfant intérieur. On retrouve des figures archétypales d’enfant à travers les grands mythes de l’humanité. Ainsi, l’enfant divin peut-il prendre les traits du Divin Enfant dans la crèche de Bethléem, mais tout aussi bien celui d’un enfant joueur, comme Krishna jouant de la flûte. Ou encore il peut s’exprimer dans des figures de héros littéraires promus au rang de mythes comme le malicieux Thyl Uylenspiegel de la culture flamande. Quoiqu’il en soit, selon Jung, l’énergie archétypale de l’enfant intérieur est présente en chacun de nous, l’archétype étant un héritage psychique transmis par l’inconscient collectif.

Pour Jung, l’énergie archétypale de l’enfant intérieur génère une démarche où la personne tend à être de plus en plus en accord avec elle-même. Ceci implique une intégration des différents éléments qui composent l’ensemble de sa propre personnalité. L’archétype de l’enfant unifie les éléments conscients et inconscients de la personne.

Se prendre en charge soi-même

Bien que l’on doive à Jung la notion d’enfant intérieur, c’est à partir des années 60 dans les écrits de psychothérapeutes fameux comme Winnicott, Alice Miller, Charles Whitfield, qu’elle fait fortune. Ce qui est à noter, c’est que la notion d’enfant intérieur est utilisée dans de nombreux ouvrages psychologiques destinés à un large public comme les ouvrages de John Bradshaw, Hal et Sidra Stone, Eric Berne avec l’analyse transactionnelle, comme ceux faisant référence à la PNL, ou à l’hypnose, et plus généralement dans tous les groupes de self-help.

Ces ouvrages se vendent très bien. Et pour cause. Se relier à son enfant intérieur est une façon de se guérir soi-même en devenant son propre psychothérapeute. Or, dans la culture contemporaine, se prendre en charge soi-même est une valeur forte. De plus, et c’est peut-être cela qui est le plus important, il semble que la grosse majorité des adultes soit concerné.

L’enfant blessé

En effet, qui n’a jamais réagi de façon démesurée à l’un ou l’autre petit évènement ? Qui n’a jamais réagi de façon disproportionnée à l’une ou l’autre parole? Ce sont parfois des pleurs, parfois des rages, parfois des cris. Et ces pleurs, ces rages, ces cris, sont le fait non d’un adulte équilibré et fort qui, par ailleurs, peut mener une vie active et responsable, mais de l’enfant blessé qui continue à vivre intérieurement en lui. Cet enfant blessé n’a pas eu l’attention dont il avait besoin et devenu adulte, il continue à réclamer cette attention. Le problème est que ses demandes sont impérieuses et demandent satisfaction immédiate. D’où cris et grincements de dents. Sanglots et pleurs. Ou alors abattement, retrait, coupure avec autrui. Tous les cas de figures sont possibles.

Notre personnalité est composée de multiples facettes. Il se peut même que nous ressentions la présence en nous de plusieurs personnages et point de vue. D’un instant à l’autre, les points de vues peuvent changer, ou pire, s’exprimer simultanément. On est tiraillé entre plusieurs voix. La voix de la raison, la voix du coeur, la voix de l’intuition, celle du devoir. Et ainsi de suite. D’où l’utilité de se référer à la notion d’enfant intérieur. En effet, lorsque la rage, la honte, la culpabilité et autres émotions du même acabit prennent la direction de la situation, la personne peut identifier que c’est l’enfant blessé et vulnérable qui est en train de pleurer, de crier, de tempêter. Il importe alors, l’ayant identifié, de s’en occuper. S’en occuper, c’est d’abord renouer avec lui. Un autre concept intéressant entre alors en ligne de compte, c’est la notion d’adulte intérieur.

S’il y a un enfant blessé en chacun de nous, il ya aussi un adulte qui, tout au long de la vie, tire des leçons de l’expérience qu’il fait, réussit à accomplir certaines choses avec succès, trouve les ressources pour faire face aux situations qui le mettent en péril. Bref, il y a un adulte intérieur qui est doté d’une force que l’enfant blessé n’a pas. Et cette force est une ressource… à partir du moment où c’est une force aimante. Autrement dit, il est possible de confier son enfant intérieur à l’adulte intérieur, pourvu que celui-ci le protège, l’aime et lui donne la permission de vivre tel qu’il est. Prendre soin de son enfant intérieur, c’est tout simplement l’aimer. Bref, nous devenons ainsi notre propre parent intérieur.

L’enfant intérieur, un élan vital

Ceci dit, le concept d’enfant intérieur doit vraiment être bien intégré avant d’y avoir recours méthodologiquement. L’enfant intérieur, ce n’est évidemment pas que la partie blessée en nous. Il y a aussi un élan créatif et joyeux vers la vie en chacun de nous. L’enfant intérieur, il s’émerveille, il éprouve la faculté de s’étonner, de jouer dans l’instant présent, de se faire plaisir, de ressentir toutes les émotions. Et il est habité par un élan vital. Cet élan vital, c’est le besoin de se développer, de croître, de s’exprimer. Chacun a un élan vital, mais il s’exprime chaque fois à travers un corps et une nature singulière. Les forces ne sont pas distribuées de la même façon en chacun de nous. Une personne ayant une résistance à la fatigue relativement limitée est bâtie tout autrement qu’une personne ayant une grande résistance à la fatigue. L’élan qui poussera chacune d’elles à se développer et à croître est une manifestation de l’enfant intérieur… mais celuici s’exprimera dans leur vie avec des qualités et une puissance différentes.



Le Farceur

 

Autre figure de l’enfant intérieur : le «farceur», que l’on traduit par «trickster », notion mise en évidence par l’anthropologue Paul Radin, dans son travail avec Jung. Le farceur, c’est l’enfant dionysiaque, qui remet en cause les structures anciennes et s’en moque, qui les détruit et les renouvelle, dans une dérision et une autodérision relativement déstabilisante. Ce mythe du Farceur divin se retrouve évidemment dans toutes les cultures. Il s’agit d’un enfant intérieur indiscipliné, frondeur et moqueur, doué d’une énergie débordante.

Un mélange

Lorsque l’enfant intérieur s’exprime en nous et dans nos vies, il se peut que les différentes facettes de l’enfant blessé, l’enfant créatif et le farceur dionysiaque se mélangent de façon inégales, selon qui l’on est, ce que l’on a vécu et ce que l’on vit. Par ailleurs, qui dit croissance ne dit pas perfection. Certaines personnes pensent qu’en contactant leur enfant intérieur, et en le laissant s’exprimer, elles vont devenir peu à peu fluides et créatives, ceci sans ombre. Elles aspirent à un enfant intérieur idéalisé… un enfant intérieur lumineux. Elles aspirent à une lumière sans ombre. Mais voilà, dans la réalité terrestre, il n’existe pas de lumière sans ombre. Même Jésus, même Bouddha, même Lao Tseu n’éliminent pas l’ombre. Ils l’intègrent, ce qui est bien différent. Il n’y a donc pas d’enfant intérieur «parfait» ayant des qualités de fluidité, de créativité, auxquelles ces personnes pourraient avoir recours de façon omniprésente et omnipuissante, ceci, pensent-elles, après avoir guéri l’enfant blessé. La perfection n’est pas la plénitude. Et peut-être est-il bon de prendre conscience qu’un processus de développement est loin d’être linéaire. Tout ne va pas se dérouler sagement, étape après étape, tel qu’on le souhaiterait. Non, tout est bien plus mélangé que cela, même s’il arrive que certains caps soient franchis et que la route apparaisse limpide pour quelques temps.

Une explosion de créativité personnelle

Des artistes comme Victor Hugo, Franz Kafka, Proust, Beethoven, Mozart, ou plus près de nous Pablo Picasso, Henri Michaux, Marguerite Duras, Stanley Kubrick, et bien d’autres artistes anonymes, sont des personnes complexes, paradoxales et bien souvent tourmentées. Et pourtant, tout leur art manifeste une connexion puissante avec l’enfant intérieur. Car l’enfant intérieur nous fait essentiellement ressentir le désir puissant de nous réaliser nous-mêmes, en dépit des blessures. Ou peut-être même grâce aux blessures, celles- ci étant tellement profondes qu’il semble alors que la vie ne puisse se manifester que dans une explosion de créativité personnelle.

Un artiste, qu’il soit reconnu ou non, a besoin de créer, étant ouvert à l’énergie vitale de l’enfant intérieur. Les blessures de l’enfance peuvent même devenir inspirantes. La différence avec les personnes ordinaires, c’est qu’un artiste ne s’arrête pas à la dimension historique de sa souffrance d’enfant. Il ne reste pas rivé en elle. Il va au-delà, ce qui, notons-le, ne signifie pas qu’il ne la ressent pas. Il alchimise sa souffrance d’enfant par l’art.



Accepter sa présence

Les souffrances intérieures graves et les traumas ont toujours une double potentialité. Soit, elles nous donnent accès à une renaissance de façon périodique, et à un surcroît important de vie et d’énergie. Soit, elles nous figent et nous font mourir à petit feu. Il arrive même que certaines personnes soient totalement brisées. Dans des peaux d’adultes parfois très vieux, un bébé hurle encore. A peu près tous, nous sommes plus ou moins habités par des souffrances d’enfant blessé. En cela, nous ne sommes pas seuls. Notre conjoint, notre ami, notre voisin, lui aussi, doit faire avec la partie blessée en lui.

Mais il cependant possible d’écouter cet enfant intérieur qui souffre de n’avoir pas existé aux yeux de ses parents. Pour la plupart des personnes ordinaires que nous sommes, la première étape est sans conteste d’accepter le concept même d’enfant blessé. Pour prendre soin de lui, il faut tout simplement l’accepter. Accepter la présence de cette partie fragile et réactive qui est en soi, c’est accepter l’enfant blessé. A cet égard, Margaret Paul, psychothérapeute témoigne de l’expérience de Laure.



«Si tu es là, réponds, parle-moi»

Laure, femme hyperactive avait toujours beaucoup investi son travail qui était très important pour elle. Elle était en psychothérapie, et traversait une période de stress professionnel intense et de troubles affectifs. Elle résistait beaucoup à la notion même d’enfant intérieur. Mais son anxiété et son stress firent qu’elle devint de plus en plus inefficace dans ses activités. C’est dans ces conditions qu’elle rencontra son enfant intérieur. Voici ce qu’elle en dit : «J’étais toute seule dans ma voiture et j’ai pensé que s’il y avait du vrai dans cette histoire d’Enfant Intérieur, je n’avais qu’à, au moins, essayer. Alors, je me suis dit en moi-même : «Si tu es là et que tu m’entends, dis quelque chose». Et j’ai été suffoquée d’entendre une petite voix crier : «Au secours !». (1)
Bouleversant témoignage que celui-là. Il illustre que nous pouvons, si nous l’acceptons, nous ouvrir à une dimension intérieure blessée. Qu’a fait Laure ? Elle s’est intérieurement adressé e à son enfant intérieur en disant : «Si tu es là, réponds, parle-moi» !

Comme si c’était un enfant réel

Il est donc possible de s’adresser à cette partie blessée en nous… et d’avoir une réponse. Il est possible d’en prendre soin. On peut prendre soin de son enfant intérieur, comme si l’on prenait soin d’un enfant réel. Si vous rencontrez un petit enfant en sanglots et perdu dans un grand magasin, vous allez le rassurer, le consoler, le prendre par la main pour l’accompagner à la caisse, et attendre avec lui le retour de sa maman afin qu’il ne se sente pas seul et abandonné. Il en est de même pour l’enfant blessé en nous.

La partie mûre et adulte en nous, qui s’est fortifiée au cours des années, peut protéger la partie enfantine blessée et fragile en nous. Cette dernière reste figée dans une souffrance sans cesse réactivée par des évènements présents qui font écho au passé. C’est un véritable dialogue intérieur de reparentage bienveillant que nous pouvons effectuer alors. Un exemple de dialogue. Supposons que vous vous sentez nul et perdu face à quelque chose à effecteur, par exemple un clou à enfoncer dans un mur pour accrocher un tableau :
Adulte intérieur :
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Enfant intérieur :
Je me sens nul
Adulte intérieur :
Tu n’es pas nul. Tu ne dois pas réussir à planter ce clou pour que je t’aime et que je reste avec toi. Tu ne dois rien réussir pour que je t’aime. Je t’aime.


Le dialogue intérieur

Le dialogue entre l’adulte et l’enfant intérieur est une méthode très bien décrite par John Bradshaw dans son livre «Retrouver l’enfant en soi». Il explique qu’il consacre tous les jours un moment à son enfant intérieur. Ainsi, durant la rédaction de son livre, il n’arrivait pas à se concentrer très longtemps. Voilà ce que cela donne(2) :
- Le grand John : Salut, Petit John. Quel âge as-tu en ce moment ?
- Le petit John : J’ai six ans.
- Le grand J. : Petit John, comment ça va ?
- Le petit J. : Je suis fatigué d’écrire. Je veux jouer et j’ai l’épaule en compote.
- Le Grand J. : Je suis désolé. Je ne me rendais pas compte que j’étais si dur avec toi. Qu’estce que tu aimerais faire maintenant ?


Inexistence et suradaptation

L’exemple ci-dessus est donné à titre indicatif. Si on veut aller plus avant, il convient d’approfondir les techniques d’accès à l’enfant blessé [le dialogue, poser des questions, écrire des lettres, écrire des contes, l’hypnose, le rêve éveillé, etc...]. Le but de ces différentes techniques est de relier l’enfant intérieur à l’adulte intérieur-parent. Après avoir identifié la voix de l’enfant blessé en nous, il reste encore à arriver à exprimer les émotions refoulées de l’enfant blessé. Blessé, il l’est parce que ses besoins premiers d’amour, de reconnaissance, de valorisation n’ont pas été rencontrés. Les blessures profondes sont celles qui touchent à la racine même du sentiment d’existence. La personne en grande souffrance n’a tout simplement pas la sensation du «je suis» parce qu’on ne lui a pas donné la possibilité de ressentir que son existence était désirable. C’est là un drame fondamental : se sentir inexistant.



Un entrelacement de rôles…

Se retrouver exilé de sa propre existence, peut venir d’une suradaptation. L’enfant est coupé de lui-même, noyé dans une famille souffrante. Une famille où le silence prédomine, par exemple. Il est interdit d’y vivre émotions et désirs non conformes. Ou alors une famille où il y a entrelacement de rôles et où personne n’a accès à un moi distinct des autres. Ainsi, si la mère est souffrante, tout le monde va souffrir. Si la soeur est dépressive, ou le frère colérique, l’ensemble s’en ressent. Chacun ressent et vit ce que les autres ressentent et vivent. Difficile alors de se construire soi-même et d’avoir une identité. C’est particulièrement à la période de l’adolescence, où la quête d’identité est intense, que des rôles peuvent se rigidifier. L’infernale roue de la répétition se met en marche : si on a été sauveur, on va adopter vraisemblablement une attitude de sauveur dans ses relations ultérieures. «La logique de l’absurdité» comme la nomme Alice Miller est à l’oeuvre.
Exprimer les émotions refoulées de l’enfant blessé aide la personne à prendre conscience de la mise en place de son propre fonctionnement relationnel. Etre un bon parent pour soi-même Après que les émotions refoulées de l’enfant blessé en nous aient été mises à jour, exprimées et reçues par l’adulte intérieur, la deuxième étape consiste à se réapproprier sa propre croissance. Pour être de moins en moins la proie du scénario familial douloureux, il importe que l’enfant intérieur puisse désobéir. Désobéir à toutes les lois parentales qui l’ont coupé de lui-même. C’est paniquant de désobéir à ce qui donne depuis si longtemps une identité, fût-elle construite sur des bases étrangères à soi et donc finalement peu solides. Aussi, pour que ce soit possible, notre enfant intérieur doitil pouvoir s’appuyer sur un parent-adulte intérieur en qui il a confiance. Un adulte intérieur qui, somme toute, arrive à être un bon parent. Car lorsque les parents réels n’ont pas pu permettre à l’enfant d’être lui-même, il importe de devenir le bon parent de soi-même.

Devenir le bon parent de soi-même n’est certes pas facile lorsqu’on n’a pas de modèle. Mais personne ne peut faire ce chemin à notre place : «Vous devez faire votre deuil de votre enfance réelle et de vos parents. Votre enfant doit intérieur doit savoir que c’est vous, en tant qu’adulte, qui assumerez le rôle nécessaire de parent.» [Bradshaw].

Qui embrasse qui ?

Personne ne peut aimer l’enfant blessé qui est en nous mieux que nous-mêmes. Bien sûr, cela demande des efforts, une démarche, et une motivation forte. Ce n’est pas donné. Donc, il est tentant de donner à l’autre, l’amie, l’amante, l’époux, ou toute autre personne ayant un lien affectif proche et fort, la tâche de s’occuper de l’enfant blessé qui est en nous. Tâche évidemment impossible à assumer. Dans un texte hilarant et grave, l’écrivain Milan Kundera décrit les relations du personnage avec sa compagne et montre que ni lui, ni elle ne s’étreignent, mais que ce sont leurs deux mères qui s’embrassent à travers eux. On aurait pu tout aussi bien dire qu’il s’agit de l’étreinte de deux enfants blessés, vu que l’enfant blessé est sous l’emprise intérieure de la mère, du père, des parents.



Un enjeu narcissique

Pour la plupart d’entre nous, nos enfants blessés s’interposent donc dans nos relations affectives. Les problèmes viennent très souvent de l’enjeu personnel qui se trouve en dessous de la relation affective. Cet enjeu est de combler les carences de l’enfance, qui sont essentiellement des carences narcissiques. Ce sont alors un cortège de demandes impossibles à satisfaire… et cependant ces demandes sont faites. Ceci inconsciemment, bien entendu. Dès qu’on entre en relation de proximité, l’enfant blessé s’exprime. Et c’est seulement soi-même qui puisse réellement faire face à ces demandes. Ceci dit, que font les millions de couples occidentaux, sinon faire avec cette donnée là ? Donnée mise à jour, travaillée parfois. Et parfois pas. Donnée acceptée ou refusée. Chacun fait avec, comme il peut, selon là où il en est.

Et mes parents réels ?

Autre question : dans ce travail de relation avec l’enfant intérieur, que faire avec ses parents réels? Pas de réponse toute faite, bien entendu. Cela dépendra et des parents et de la relation que la personne a avec eux. Et de la décision prise par la personne. Bradshaw dit ceci : «Chacun de vous doit laisser son adulte intérieur établir des frontières avec ses vrais parents. Souvenez-vous : votre enfant intérieur s’en remet à vous maintenant : il s’attend à ce que vous le protégiez». Et cette protection que nous nous devons à nous-mêmes passe parfois par un retrait.
La meilleure des options, celle qui est la plus gratifiante, est la voie du pardon. Le pardon est une façon de ne pas rester attaché maladivement à des parents dysfonctionnels. Le pardon permet de les quitter. Mais il advient après un long travail où la souffrance refoulée a été exprimée et reçue, où un reparentage positif est constamment effectué et intégré, où l’enfant créateur trouve à s’exprimer, et où la grâce a lieu...

On ne peut ignorer l’enfant blessé. Il se rappelle toujours à nous. Et en ce sens, il est un aiguillon sur le chemin de la découverte de qui l’on est réellement.
Qui l’on est réellement. C’est véritablement une très grande question. La question de tous les philosophes. La question des sages. La question des thérapeutes. Notre question à tous. Devenir qui l’on est, c’est un chemin. Celui de toute la vie sans doute. Arrivé dans la seconde partie de la vie, la question de l’individuation devient plus pressante. C’est là que le travail avec les différentes parties de soi que recouvre le concept d’enfant intérieur prend peut-être toute son ampleur. Car devenir qui l’on est, c’est découvrir sa voix, à soi. Peu importent les images d’Epinal. Même si elle est éraillée, ou rauque, cette voix –la sienne- est valide, unique, nécessaire.

Marie-Andrée Delhamende site Agenda



(1) in M. Paul, cfr livre ci-dessous.
(2) in Bradshaw, cfr livre, p. 270.

LIVRE

- Carl Gustav Jung, C. Kerenyi, P.Radin, «Le Fripon divin», Editions Georg.
- M. Paul, «Renouez avec votre enfant intérieur», Editions Le Souffle d’Or.
- J. Bradshaw, «Retrouver l’enfant en soi», Le Jour éditeur.

 



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Petite réflexion sur ce sujet intemporel qu' est " l 'amitié "

16 Février 2014, 17:10pm

Publié par patybio

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L 'amitié est-elle la forme privilégiée de la connaissance d 'autrui ?

 

 

J 'avais envie de partager avec vous un sujet philosophique  qui me tient à coeur :

"L 'Amitié "

Bon dimanche à tous Paty

 

 

Amitié : le terme peut être pris dans une acception très large ( la sympathie en générale) ou tout à fait particulière si on le distingue d’autres sentiments comme l’amour, la tendresse filiale, ou la charité envers le prochain.

 

Privilégier : l’amitié  fait de l’ami un  privilégié,  nous lui donnons la préférence   sur les autres à chaque fois que le choix dépend de nous. Mais justement ce parti- pris  est un préjugé. Il faut réfléchir à ce que serait une forme privilégiée de connaissance

 

Connaissance : c’est à la fois la rencontre : « faire connaissance » et l’étude, la recherche d’informations objectives permettant de cerner l‘autre.

 " L'ours amateur des Jardins", (Fables, Jean De La Fontaine) J. B. Ourdy pour Larousse

Exemple d’introduction

Il y a d’abord un paradoxe  à associer l‘amitié à la connaissance puisque l’amitié est un lien affectif et un état alors que  la connaissance est une activité intellectuelle. Comment et en quoi la sphère de l’affectivité peut- elle apporter un type de connaissance, et de surcroît « privilégié » c’est à dire  de qualité supérieure ?

Spontanément, on aurait plutôt tendance à croire que l’amitié (comme l’amour) aveugle, rend complaisant envers ceux qu’on aime. Le jugement y  perd  en objectivité.

 

Toutefois, la connaissance suppose une capacité d’ouverture, il faut accepter d’épouser les formes singulières de ce qui est étudié ; cette plasticité requiert une disponibilité de temps et d‘énergie que seule la passion  est capable de fournir. En ce sens, la formule de saint Augustin se comprend : « On ne connaît bien que ce qu’on aime ». Le souci de connaissance prend la forme d’une  « vocation dévote ».C’est peut-être à cette seule condition que l’activité de connaissance évite la tentation de l’assimilation de l’inconnu au connu et  les autres réductions falsifiantes. La sympathie est peut-être la voie de  la véritable objectivité.

La résolution du problème implique de réfléchir sur  les rapports entre l’autre et l’activité cognitive.

Autrui est-il un objet de connaissance comme un autre ? Ou est-il bien plus retors, car fondamentalement secret…L’amitié qui est une forme de rapport qui lie un sujet à un autre de manière privilégiée, n’est-elle pas un écran déformant supplémentaire entre moi et l’autre ?

 

 

PLAN SYNTHETIQUE

Les Noces Aldobrandines, frise de L'époque d'Auguste, (63 av. J.-C.- 14 ap. J.-C.) Cité du Vatican, Bibliothèque.

I)L’amitié est une forme privilégiée de rencontre  de l’autre.

 

Aristote distingue « l’homonoia »  le consensus ( la concorde, l’identité de vue) qui lie entre eux tous les citoyens d’une République bien constituée de la « philia » l’amitié,  par laquelle on goûte le plaisir de la relation  avec cet homme particulier, en tant qu’il est ce qu’il est » Ethique à Nicomaque VIII 3,1156 a  16

 

L’amitié est à la fois prise en compte de la singularité individuelle de l’ami, (ses goûts et dégoûts, sa façon propre de bouder comme d’être heureux) et sentiment de notre affinité profonde, «  Parce que c’était lui, parce que c’était moi » disait Montaigne de La Boétie Les essais livre I chap. XXVIIIL’amitié naît de la révélation d’une parenté fondamentale ( qui n’est pas celle engendrée par la vie en famille et qui fascine d’autant plus qu’elle lie intimement deux êtres qui sont d’abord des inconnus). La découverte de l’ami est  donc aussi  découverte de soi et révélation de notre identité essentielle au-delà des gangues et pesanteurs des inscriptions familiales et sociales. Ainsi, tout en soulignant  que l’amitié se nourrit de respect réciproque et de sentiment d’égalité, Aristote remarque  qu’un maître peut éprouver de l’amitié pour un esclave : c’est qu’en ce cas, il le considère en tant qu’homme et non en tant qu’esclave. VIII 9,1159, a .

  Ce sentiment de  « fraternité »   envers l’autre en tant qu’homme (au -delà des frontières territoriales et sociales) est au cœur  aussi bien de la philosophie stoïcienne  que de  la sensibilité des premières sectes chrétiennes. Ainsi voit-on que l’amitié opère ses propres révolutions de mentalité et a beaucoup fait pour la reconnaissance de l’autre en tant qu’homme,  reconnaissance qui est sans doute la  première étape, indispensable, tant  à la rencontre de l’autre  qu’à l’effort de  connaissance objective  d’autrui.

 

II)L’autre n’est pas un objet de connaissance comme un autre.

 

Miniature persane. Dans la seconde moitié du XIX siècle les sciences humaines ( science de l’esprit) revendiquent leur indépendance vis à vis des sciences de la nature. Leur différence d’objet justifie une différence de méthode. Wilhem Dilthey retravaille le vocabulaire pour préciser la nuance : « Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique ». L’explication des phénomènes naturels procède  par analyse et décomposition des causes et des effets. Au contraire pour comprendre un geste humain il faut le resituer dans un vécu global.

 Pour  connaître autrui il faut le comprendre, se mettre à sa place  c’est -à -dire entrer dans son propre mode de pensée, saisir le sens de ses actions, ressentir la logique interne de ses évaluations. Seule une implication subjective le permet mais  elle risque de louper la réalité de l’autre si elle ne procède pas d’une forme de sympathie. Nous ne connaissons  de l’intérieur que ceux qui nous ressemblent. Une parenté de nature est nécessaire à ce type de connaissance. L’amitié parce qu’elle s’établit sur cette même parenté donne d’emblée accès à une connaissance intime de l’autre.  Et le sentiment d’être réellement compris  encourage plus que tout  les confidences qui affinent la connaissance. « La fusion des âmes »  les dévoile l’une à l’autre jusqu’au fin fond de leurs entrailles. Il n’est pas un des gestes de La Boétie dont Montaigne ne connaisse le ressort( Essais Livre I chap. XXVIII ; .voir aussi  Montaigne en mouvement  de Jean Starobinski).  Cette parfaite complicité que Montaigne pense comme la température constante de l’amitié  est célébrée par Sartre  comme exceptionnelle : Ce sont les « moments parfaits » de l’amitié et de l’amour quand chacun comprend l’autre dans ses attentes et ses pensées sans qu’il  soit besoin de les exprimer.

Mais si l’amitié est une forme instinctive de connaissance, sa profondeur est l’envers de sa limite :  Le semblable aime et comprend le semblable, mais le différent (c’est dire tous les autres) lui reste irrémédiablement étranger. La communauté des amis assurée de sa valeur par sa complicité méconnaît  cruellement tout ce qui ne lui est pas conforme. L’amitié envers les uns est  un écran et une source de préjugés  envers les autres.     

III)De toute façon, l’amitié   véritable est un idéal rarement réalisé dans le réel.

 

Illustration pour "Le renard et la cigogne", Benjamin RabierBien plus  l’homme, animal essentiellement social, aime à se leurrer à ce sujet,  car il est doux de penser que l’on est entouré d’amis sincères. L’amitié est un rapport à l’autre tissé d’illusions - des illusions que nous entretenons volontairement pour ne pas devoir  nous avouer notre essentielle solitude. D’où l’exclamation paradoxale et désabusée  que Kant prétend emprunter à Aristote : «  Mes chers  amis, il n’y a pas d‘amis »

Au paragraphe 46 de la Doctrine de la vertu dans la Métaphysique des mœurs  Kant remarque  qu’il est bien

 

rare d’accepter le reproche de l’ami ; on  est plutôt  blessé à la fois par le sentiment d’être incompris  et celui,  tout aussi désagréable, de perdre l’estime de son ami. Ainsi  la liberté de parole qui  est présupposée dans la relation d’amitié n’est-elle  pourtant pas reconnue  de fait. 

De même l’amitié perdrait tout son charme si on ne pouvait espérer être soutenu par ses amis en cas de besoin, et pourtant on pressent qu’il vaut mieux ne pas mettre à l’épreuve cette amitié de peur d’être déçu. L’amitié se nourrit donc d’illusions.

 L’amitié vaut  plus par l’espoir qu’elle inspire que par l’effectivité des rapports entre prétendus amis. Une véritable amitié est  « aussi rare qu’un cygne noir »( Kant)

Photographie de Lou- Andréas Salomé, Paul Rée et Nietzsche (1882)

 

 

 

 

Conclusion:

 L’amitié  est  un moyen de connaître nos désirs et aspirations profondes plutôt qu’un moyen de saisir la réalité de l’autre. L’amitié ménage les apparences pour nous porter plus haut : « Notre foi en autrui trahit ce que nous aimerions bien être, notre foi en nous -mêmes » Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, de l’ami.  Nous aimons dans l’ami  toutes les qualités qui  nous enchantent mais que nous savons ne pas réaliser toujours. L’ami parce que ses faiblesses   nous sont moins connues que les nôtres  est un bon  support de projection. Le rapport à l’ami nous tire vers le haut, chacun des deux amis voulant être à la hauteur de ce qu’il projette dans l’autre.

(Site Philophil.com)

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La connaissance de l'Homme

16 Juin 2013, 15:42pm

Publié par patybio

 
 
 
La connaissance de l'Homme
 
 
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La connaissance, étymologiquement, signifie « naître avec ». Elle est LA vérité qui existe au plus profond de l'être humain mais nous l'égarons à la naissance. Son véhicule est le cerveau du cœur.
* Le savoir représente des ‘'certitudes'' qu'on nous a enseignées depuis la naissance. Son organe est le cerveau de la tête.
Lorsque le savoir rencontre la connaissance, il doit se mettre à son service et toutes les ‘'vérités'' enseignées sont alors remises en question. On comprend alors que notre enseignement bien appris nous a amené à des croyances que nous avons adoptées sans aucunes vérifications.
L'accès à la connaissance aboutit à LA VERITE.
On accède alors à la paix intérieure et par voie de conséquence à la paix extérieure car pour faire la guerre il faut être deux ; si un des deux protagonistes est en paix la guerre ne peut plus exister.
Lorsque le savoir ne rencontre pas la connaissance, on constate une opposition des savoirs. La polémique règne et la guerre s'installe.
Mais il ne peut y avoir de guerres à l'extérieur que s'il existe une guerre à l'intérieur de l'homme car c'est bien l'homme qui crée la guerre; donc si la guerre s'installe dans le monde c'est qu'il existe une guerre à l'intérieur de l'homme, guerre véhiculée par des ‘'certitudes'' que chacun croit juste. Personne ne veut lâcher son propre savoir, signe de puissance dans notre monde actuel et derrière la puissance on retrouve...l'argent.
Nous avons ici une preuve de notre mode de fonctionnement pathologique :
Si toutes ces ‘'certitudes'' étaient réellement justes, l'homme serait en paix et il n'y aurait pas de guerres et de drames humains.
Donc si nous voulons éradiquer tous les conflits mondiaux, toute la haine véhiculée, il va être nécessaire de régler tous nos conflits intérieurs et seule la connaissance de l'homme nous donne l'accès à ce chemin.
Nous sommes devant un constat ; si nous voulons modifier le cours des événements mondiaux il nous faut remettre en question totalement ce qui a amené l'homme d'aujourd'hui à fonctionner de la sorte.
Si nous faisons l'effort de ce changement nous comprendrons alors que nous faisions fausse route.
Il m'a été donné le privilège de pouvoir constater les conséquences extérieures des conflits que l'homme véhicule à l'intérieur, à travers la structure de la bouche, la position et la forme des dents.
Un véritable langage dentaire s'est alors manifesté.
Cela a débouché sur une nouvelle approche de la compréhension de l'homme : la Dentosophie.
Nous (toutes les praticiennes et praticiens qui ont adopté la dentosophie) avons pu observé et observons de façon systématique des déformations buccales chez tous les êtres humains que nous rencontrons. Ceci est une norme reproductible à 100% ; c'est donc une LOI universelle n'acceptant aucune exception, à la différence des règles inventées par les hommes.
Nous avons pu mettre en place un protocole pour permettre à l'homme de se libérer progressivement de son déséquilibre pour accéder à une autonomie de fonction. Cela se traduit, dans la bouche, par un ‘'déverrouillage'' visible de l'extérieur, déblocage correspondant à la résolution de certains conflits intérieurs.
Ce résultat est le fruit d'une auto thérapie, c'est à dire une thérapie où le seul maître à bord est le patient lui-même. L'Homme redevient ce qu'il n'aurait jamais du quitter : être son propre médecin.
Il se met alors en route sur son chemin personnel, seule voie qui peut le mener à une réelle et authentique Liberté... ce mot liberté qui est actuellement totalement galvaudé.
La dentosophie nous a permis d'aller comprendre l'incompréhensible pour la science actuelle. Seulement lorsque la science n'explique plus avec son savoir, elle rejette sans aller chercher à comprendre les nouvelles ‘'hypothèses'' proposées. Or il s'avère que la dentosophie n'est plus aux stades des hypothèses.
Elle nous a rapporté la liberté qui nous avait été prise par nos croyances bien assimilées.
Elle nous permet d'accéder à une véritable connaissance de l'Homme.
La libération de nos conflits ouvre une porte d'accès à cette connaissance oubliée à la naissance et remet notre savoir à sa place.
Nous ne pouvons plus faire semblant d'ignorer la différence fondamentale entre savoir et connaissance.
Le savoir est une goutte d'eau dans l'océan de la connaissance.
Le savoir est acquis et la connaissance... innée.
Michel Montaud
 
    
 
 
 
 
 La connaissance de l'homme ne saurait s'étendre au-delà de sa propre expérience. "
Auteur : John Locke - Œuvre : Essai sur l'entendement humain - 1690.
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L'inhumanité de l'Homme ...

15 Juin 2013, 19:54pm

Publié par patybio

 

 

 

L'inhumanité de l'Homme

 

 

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Pourquoi les gens se traitent-ils les uns les autres comme ils le font ? Est-ce un conditionnement ou est-ce là quelque chose d'inhérent chez l'homme qui le fait s'écarter volontairement ?

 

C'est les deux.
En premier lieu il y a quelque chose en l'homme qui le mène à s'égarer et deuxièmement, il y a des gens dont l'intérêt est de conduire les êtres humains à s'égarer. Ces deux créent ensemble un être humain faux. Son coeur aspire à l'amour, mais son mental conditionné l'empêche d'aimer.
C'est le problème. L'enfant est né avec un coeur qui aspire à l'amour, mais il est également né avec un cerveau qui peut être conditionné.

La société doit le conditionner contre le coeur, parce que le coeur sera toujours en rébellion contre la société, il suivra toujours son propre chemin, il ne peut pas être transformé en un soldat, il peut devenir un poète, il peut devenir un chanteur, il peut devenir un danseur, mais il ne peut pas devenir un soldat.

Il peut souffrir pour son individualité, il peut mourir pour son individualité et sa liberté, mais il ne peut pas être asservi. C'est le fait du coeur.
Mais le mental... l'enfant arrive avec un cerveau vide, un simple mécanisme que vous pouvez arranger de la façon dont vous le voulez. Il apprendra la langue que vous lui enseignez, il apprendra la religion que vous lui enseignez, il apprendra la moralité que vous lui enseignez. C'est simplement un ordinateur; vous l'alimenter simplement avec de l'information et chaque société prend soin de rendre le mental de plus en plus fort de sorte que s'il y a un conflit quelconque entre le coeur et le mental, le mental gagnera. Mais chaque victoire du mental sur le coeur est une misère. C'est une victoire des autres sur votre nature, sur votre être, sur vous et ils ont cultivé votre mental aux fins de servir leur cause.
Ainsi le mental vide, c'est cerveau; vous pouvez y mettre n'importe quoi et avec vingt-cinq ans d'éducation vous pouvez le rendre si fort que vous en oubliez votre cœur, vous resterez toujours malheureux. La misère est que votre coeur peut seulement vous donner de la joie, peut seulement vous donner du bonheur, peut seulement vous faire danser.

Le mental peut faire de l'arithmétique, mais il ne peut pas chanter une chanson, ce ne sont simplement pas les capacités du mental. Ainsi vous êtes déchiré entre votre nature, qui est votre coeur et la société qui est dans votre tête et certainement vous êtes né, tout le monde naît avec ces deux centres. Là est la difficulté.

Et un centre est vide; dans une société meilleure il sera utilisé en accord avec le coeur, pour servir le cœur, ce sera alors une belle vie, pleine des réjouissances. Mais jusqu'ici nous avons vécu dans une société laide, avec des idées putréfiées. Ils ont utilisé le mental et cette vulnérabilité est là: le mental peut être utilisé.
Les communistes l'utilisent d'une façon, les fascistes l'ont utilisé en Allemagne d'une façon, toutes les autres religions l'utilisent de différentes façons. Mais cette vulnérabilité est là en chaque individu, vous avez un mental que vous apportez vide. C'est en fait une bénédiction de l'existence, mais abusée, exploitée. Il vous est donné vide de sorte que vous puissiez en faire un parfait serviteur de votre coeur, de vos aspirations, de votre potentiel. Rien n'est mauvais en lui. Mais les intérêts particuliers, partout dans le monde, ont trouvé là une belle occasion pour eux, d'utiliser le mental contre le coeur. Ainsi vous restez malheureux et ils peuvent vous exploiter de quelques façons qu'ils le souhaitent. C'est pourquoi le monde entier est malheureux.

Tout le monde veut être aimé, tout le monde veut aimer; mais le mental est une telle barrière qu'il ne vous permet ni d'aimer, ni ne vous permet d'être aimé. Dans les deux cas le mental vient en barrage et commence à distordre tout.

Même si par chance vous rencontrez une personne pour laquelle vous ressentez de l'amour et que cette personne ressent de l'amour pour vous, vos mental ne vont pas s'entendre; ils ont été éduqués par différents systèmes, différentes religions, différentes sociétés.
C'est le droit de tout le monde d'être heureux, mais malheureusement la société, les gens avec qui nous avons vécu, ceux qui nous ont introduit dans le monde, n'ont jamais pensé à cela. Ils ont simplement reproduit les êtres humains comme les animaux; pire encore, parce qu'au moins les animaux ne sont pas conditionnés. Ce processus de conditionnement devrait être complètement changé. Le mental devrait être formé pour être le serviteur du cœur, la logique devrait servir l'amour. Alors la vie peut devenir un festival de lumières.

 

 

 

 

 

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Osho, Extrait de: Beyond Psychology

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Toute une vie à la conquête de Soi...

14 Juin 2013, 14:35pm

Publié par patybio

 
 
Toute une vie à la conquête de Soi...
 
Par : Carine Songeon-Riondel
 
 
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On n'a pas tous la chance d'avoir eu des parents qui nous aiment de manière constructive et juste. Aimer et accompagner sainement un enfant dans son évolution est un subtil dosage permanent.
Le sécuriser en répondant à ses besoins, lui donner confiance et lui apprendre à développer son libre-arbitre, lui transmettre le respect de lui-même et de l'autre, lui offrir l'écoute, l'attention, la présence et l'amour inconditionnel dont il a besoin pour se développer.
Cela peut paraitre évident pour certains, mais pour une grande partie des êtres humains, ce n'est pas comme cela que ça se passe. Sans aller jusqu'aux cas extrêmes de maltraitances physiques dont des millions d'êtres sont hélas victimes, des millions d'autres l'ont été également dès leur plus jeune âge, mais de façon psychique et morale. Il n'y a pas eu de coups infligés, et pourtant des maux profonds marqueront et entraveront inconsciemment l'individu dans son évolution.

La reconnaissance du rôle fondamental de l'enfance dans le développement d'un être est très récente dans l'histoire de l'humanité, puisqu'elle ne remonte qu'au début des années 1900 avec les fondements de la psychanalyse. En France, c'est Françoise Dolto qui en est la principale figure emblématique, en contribuant, tout au long de sa carrière, par de nombreux livres et émissions de radio, à populariser ses découvertes et ses connaissances sur le sujet.

Malgré tout, cela reste flou et méconnu pour beaucoup de parents, et l'aspect psychologique lors de la croissance demeure encore souvent très secondaire, voir inexistant. Pourtant comme le soulignait Carl Jung « Rien n'influence plus un individu que son environnement psychologique et particulièrement, dans le cas des enfants, la vie que leurs parents auraient souhaitée avoir. »

Quelles sont les conséquences, à court et long terme, de cette méconnaissance mais aussi de ces violences psychologiques inconscientes, et sont-elles irrémédiables ? Est-ce que cela pourrait être à l'origine de ces impressions que bon nombre d'entre nous avons dans notre vie d'adulte : de passer à coté ou de rater sa vie, d'être emprisonné dans un ou des rôles et d'être le spectateur de sa vie, de ne jamais vraiment se sentir à sa place, ou d'avoir une conscience de soi très limitée ?

C'est ce que je propose d'explorer à travers principalement les travaux du pédiatre et psychanalyste Donald W. Winnicott et ceux d'Abraham Maslow, le père de la psychologie humaniste. Ces deux auteurs ont élaboré des théories très enrichissantes sur les processus de développement d'un être humain, en l'appréhendant de manière holistique et avec le postulat de départ que l'homme est de nature fondamentale saine.

Vrai Soi et Faux Soi
Notion introduite par Donald W. Winnicott, le Self (le Soi) est ce que nous reconnaissons comme étant nous-mêmes, nous représentant spécifiquement. Il nous donne l'impression de notre identité, de notre intimité. Le Self se développe dans le contact avec l'environnement. C'est la partie la plus vivante et créatrice de notre personnalité, celle qui imagine, qui joue. Elle est le fondement du symbole qui nous donne le sentiment d'exister.

Winnicott distingue deux Self : le Vrai-Self et le Faux-Self. Le Vrai-Self est un état dans lequel l'individu a suffisamment confiance en lui et en l'environnement pour s'accepter lui-même, et accepter de le montrer. La mère aide le bébé à établir pleinement son Vrai-Self lorsqu'elle répond totalement et de manière adaptée à ses demandes et ses besoins. C'est donc l'aptitude de la mère à répondre aux besoins de son enfant qui favorisera chez lui l'émergence d'un Vrai-Self. Une bonne organisation de Vrai-Self autorisera à son tour, l'émergence d'un espace transitionnel (c'est-à-dire un espace potentiel, ni intérieur ni extérieur situé entre le bébé et sa mère), où l'enfant aura la possibilité de faire des expériences fondamentales pour sa maturation psychique.

Le Faux-Self est l'équivalent de ce que Jung a nommé la Persona, en référence au mot latin qui désignait le masque que les comédiens de théâtre portaient à l'époque. Ce masque avait deux fonctions : incarner un personnage mais aussi permettre à la voix de porter suffisamment loin pour être audible par tous les spectateurs. La Persona est pour Jung une sorte de masque social, une image façonnée et socialement prédéfinie dans laquelle l'individu peut facilement se perdre, allant même parfois jusqu'à s'identifier totalement à ce rôle au détriment du Vrai-Soi.

L'organisation du Faux-Self, peut être provoquée très tôt au cours du développement lorsque la mère, incapable de répondre aux manifestations spontanées de son bébé, imposera ses choix et le contraindra implicitement à s'y soumettre. C'est cette non-reconnaissance répétée des gestes spontanés de l'enfant qui favorisera chez lui l'émergence d'un Faux-Self souvent tyrannique d'ailleurs. Il est en premier lieu construit par l'individu pour se préserver d'un environnement jugé nocif, maintenant ainsi le Vrai-Self sous protection. Ce Faux-Self est dépendant des besoins et des difficultés psychiques inconscients de la mère.

Mais il est tout autant un système de protection de l'enfant à l'égard de ce parent. Se jugeant non conforme aux attentes parentales et se sentant dépendant de lui pour assurer ses besoins, l'enfant croit devoir protéger son parent de son Vrai-Soi auto jugé non aimable et menaçant.

Ce processus se met alors en place à l'intérieur de l'enfant qui n'a pas d'autre choix, que de s'adapter et se contorsionner aux désirs et attentes de ce parent vampirisant. Il développe petit à petit l'intime croyance qu'il n'est pas aimable tel qu'il est et se considère abandonné ou rejeté dans son intégrité.

Cette angoisse d'abandon renvoie à une défaillance notoire du premier miroir que constitue le regard maternel. Ce ne fut pas un regard où l'enfant s'est senti exister en tant que lui-même ("lui-même" aurait pu prendre alors sens) mais d'un regard absent. L'image de soi ne peut être alors que vacillante car construite sur le vide d'un échange, là où « quelque chose » aurait dû se produire, « rien ne s'est produit », selon la formule de Winnicott.
N'ayant pas la possibilité de prendre conscience de lui en tant que sujet pendant sa croissance, il grandit souvent en étant incapable d'identifier ses besoins propres. Toutes ses références ne sont pas à l'intérieur de lui mais à l'extérieur, chez le parent défaillant. Il devient alors un être qui se sent étranger en lui-même, en déséquilibre intérieur quasi permanent puisque décentré dès sa naissance.
La perte du Soi
Les travaux d'Abraham Maslow dans sa théorie du développement sont très proches de ceux de Winnicott. Lorsque Winnicott parle de la crainte de l'effondrement, c'est-à-dire l'effondrement de l'édification du Soi unitaire, Maslow évoque également la perte du Soi qui peut même aboutir à la mort du Soi.

« Comment est-il possible de perdre le Soi ? Cette trahison inconcevable et méconnue, de l'homme à l'égard de lui-même, a son origine dans la mort secrète de son psychisme, durant son enfance, s'il n'est pas aimé et s'il est coupé de la source de sa spontanéité. Le Soi naissant, progressivement et sans le savoir, « participe » à l'entreprise. Il n'a pas été accepté tel qu'il est. « Oh ses parents l'aiment, mais ils veulent ou ils espèrent qu'il sera différent et ils le forcent à l'être ». Donc il est inacceptable. Il apprend à le croire et finit par en être convaincu. Il s'est complètement anéanti lui-même. Quoiqu'il fasse, qu'il leur obéisse ou qu'il se rebelle, se révolte, les refuse, son comportement est en référence à eux. Son centre de gravité est en eux, non en lui-même et, pour autant qu'il s'en rende compte, il trouve cela naturel. Et tout cela se fait impunément, de façon invisible et insoupçonnable. » (Vers une psychologie de l'être - Abraham Maslow)

Comme le souligne l'auteur, c'est un paradoxe parfait ! Pas de crime, pas de cadavre, nous voyons toujours le soleil se lever et se coucher. Mais qu'est il arrivé ? Un être a été rejeté non seulement par les siens mais par lui-même. Qu'a-t-il perdu ? La part essentielle et authentique de lui-même. Sa propre appréhension, sa capacité de développement, ses racines. Mais il n'est pas mort ! La vie continue et lui avec. A partir du moment où il s'est abandonné à lui-même, il a commencé inconsciemment à créer et maintenir ce que Maslow appelle un pseudo-Soi. Mais c'est un expédient, un Soi sans enracinement.

Dans ce cas de figure, cet individu pourra être aimé ou craint, là où il était méprisé, fort là où il était faible. Il pourra avancer non pour le plaisir ou la joie, mais pour survivre. Non pas parce qu'il a envie d'avancer, mais parce qu'il doit obéir. Cette obligation n'est pas la vie - sa vie. C'est un mécanisme de défense contre la mort et aussi un mécanisme de mort.

A partir de là, tout au long de son existence, il va être déchiré inconsciemment par les pulsions de ses besoins et de ses désirs, ou paralysé par ses conflits internes. Chacun de ses mouvements neutralisant et faisant étouffer un peu plus son Soi, son identité. Il en viendra à attaquer son Vrai-Soi à la manière d'une maladie auto-immunitaire, pour préserver une image qu'il croit vivante mais qui n'est que la projection de celle de son parent idéal. Avec tout cela, malgré tout, il a le déguisement et l'apparence d'une personne normale et on s'attend à ce qu'il se comporte ainsi !

Il navigue dans un épais brouillard car ses repères internes sont faussés. En quête de son « centre », il risque d'avoir une forte tendance à s'accrocher rapidement à toutes sortes de figures symboliques et à entrer dans des rôles identificateurs. Il va alors se façonner un rôle et une image qu'il projette comme idéale, en devenant le mari courageux et vertueux, la parfaite femme d'intérieur, l'homme d'affaire redoutable et redouté, la bonne copine toujours à l'écoute des autres, l'ami serviable et disponible corvéable à merci...Et de cette image, il tentera d'en faire son Soi.

L'illusion peut fonctionner un petit moment, mais le tourbillon de la vie fait que tôt ou tard, le vent souffle et lève le voile de cette image de synthèse. Vient alors le temps des secousses et des remises en question, avec son lot de déconvenues et de souffrances. L'heure de la prise de conscience a sonné et si nous avons les oreilles bouchées à ce moment-là, la vie se chargera de répéter le message de plus en plus bruyamment ! Jung disait d'ailleurs à ce propos : "Ce qu'on ne veut pas savoir de soi-même finit par arriver de l'extérieur comme un destin."
Pour conclure...
Dans chaque être humain il y a deux sortes de forces : les unes s'accrochent à la sécurité, à la défense contre la peur. Elles tendent à la régression et s'accrochent au passé et au connu. Les autres poussent la personne à la réalisation d'elle-même, dans sa totalité et son unicité et l'incitent à la mise en œuvre de ses capacités et à la confiance face au monde extérieur.

Maslow en était arrivé à la conclusion que le conflit fondamental entre les forces défensives et les pulsions de développement est, de toute façon, ancré dans la nature profonde de l'homme.

L'être humain sera toujours au cœur d'un balancier qui oscille en permanence entre le besoin de sécurité et le désir de croissance.
L'avantage du phénomène de croissance est qu'il provient d'une série de libres décisions obligeant chaque individu à choisir à divers moments de son existence entre les plaisirs de sécurité et ceux de la croissance, entre la dépendance et l'indépendance, entre la régression et la progression. C'est là une grande chance... Quelque soit notre âge, l'existence nous offrira toujours la possibilité de nous réajuster au mouvement de la vie et de commencer ou de poursuivre notre croissance. A tout moment, nous aurons la possibilité de faire des choix. Certes, parfois on peut avoir l'impression de devoir choisir entre la peste et le choléra, mais dès lors que nous amorçons un choix sain, qui tend vers l'assainissement de nos maux, de nouvelles voies s'ouvrent devant nous.

La sécurité a ses angoisses et ses plaisirs, le développement et la croissance ont aussi leurs angoisses et leurs plaisirs. A nous de choisir quels plaisirs nous font le plus plaisir ! Et pour faire ces choix, nous pouvons compter sur ce noyau intérieur instinctif, comme l'appelait Maslow, qui provient de notre psychisme profond. Cette nature intérieure, bien que faible chez beaucoup d'individus, possède sa dynamique propre. Elle est persistante, et demeure en sommeil en attendant que nous venions la réveiller. Et il semblerait que l'un des meilleurs moyens de faire sortir cette belle au bois dormant de sa léthargie, soit de nous autoriser à redonner du jeu, dans tous les sens du terme, à notre vie dans sa globalité. En veillant à laisser du jeu et de l'espace, par exemple en accordant plus de légèreté à toutes les choses auxquelles nous donnons souvent beaucoup plus de gravité qu'elles en ont réellement, un nouvel espace se créera dans cet espace.
Notre nature intérieure, joueuse et créative, aura alors enfin de la place de s'adonner à l'une de nos plus grandes capacités : le goût de l'exploration et de la découverte.
Vu sous cet angle, on pourrait facilement imaginer que le jeu est, en quelque sorte, une clef. La clef de sol de la partition de notre Vrai-Soi. Et finalement en y regardant de plus près, la Terre est un immense terrain de jeux autant que de Je, non ? Alors, explorons et jouons ! Notre Vrai-Soi n'attend que ça !
Carine Songeon-Riondel
 
 
 
 
 
Bonne soirée à tous
  1. « La confiance en soi permet l’éblouissement de l’être. » –
Jean Gastaldi
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La solitude bienveillante !

10 Juin 2013, 19:30pm

Publié par patybio

 

 

 

 

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Un très beau texte de: " Carole Aliya" que je partage avec vous :

 

 

"La solitude, que nous apporte-t-elle ?

 

 Si la solitude est passagère, elle est celle qui émane d’un besoin de recueillement, et nous permet de mieux revenir vers nos proches. Elle est nécessaire. La solitude qui peut durer des mois, des années, correspond à cette sensation de cœur solitaire. Il aime mais son quotidien se vit dans le silence de sa seule présence. Il ou elle aimerait un compagnon, partager, aimer, tendresse et passion. Le cœur solitaire veille et ne sait comment faire pour trouver, rencontrer cet amoureux-cette amoureuse. Le temps d’accomplir notre destinée est là, présent, au cœur de nous et nous le sentons vraiment. Mais le poids de cette solitude émerge de ce temps trop présent parfois. Et plus le temps passe, plus cette pesanteur se fait ressentir. Pourtant, la joie guette un de nos moments de faiblesse. Elle est là en vous. Elle est à manifester en chaque instant. Nous ne sommes pas seuls. Le silence extérieur devrait vous être rassurant. Il vous permet de resplendir et de sentir cette Présence au cœur de votre chair, dans votre maisonnée. Si vous faites un pas vers Lui, vous pourrez vivre des miracles dans votre intérieur. Ne vous éparpillez pas trop et préparez votre maison pour L’accueillir et vous serez bonifiés par toute cette attente. 

 

 

 

 

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L’accueil et la joie sont là présents en toi avec dorénavant la sagesse d’un cœur patient.

Bienheureux les cœurs patients, ils auront tout un océan de bonté à découvrir,"

Carole Aliya

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