"Nous devons faire notre expérience.
Nous devons faire des erreurs.
Nous devons vivre notre propre vision de la vie ; et il y aura des erreurs.
Qui évite l’erreur ne vit pas ; en un sens on peut même dire que toute vie est une erreur, car personne n’a trouvé la vérité"
Carl Gustave JUNG
"Tout être vivant est comme un registre où le temps s'inscrit. L'arbre vieillit et produit en même temps des boutures, en lui s'entrecroisent le vieillissement et renouvellement.
Il faut suivre l'inscription dans le temps du corps. Plus on fixe son attention sur cette continuité de vie, plus on voit l’évolution organique se rapprocher de celle d’une conscience, où le passé presse contre le présent et en fait jaillir une forme nouvelle, incommensurable avec ses antécédents.
Il y a poussée, mûrissement, imprévisibilité dans la nature".
Bergson
"Dans le courant de la conscience qui constitue notre vie dans le monde, le moi se maintient comme quelque chose d’identique à travers la multiplicité changeante du devenir. Quelles que soient les traces que la vie nous imprime en modifiant nos habitudes et notre caractère, en changeant constamment l’ensemble des contenus qui
forment notre être, un invariable demeure. Le « je » reste là pour relier l’un à l’autre les fils multicolores de notre existence"
Emmanuel LEVINAS
Texte sur : De l’existence à l’existant [1947].
"Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l'aventure, c'est le surgissement de l'avenir."
Vladimir Jankélévitch
Photo "Patybio "Berge de l'Isère
"L’Aventure, l’Ennui et le Sérieux sont trois manières dissemblables de considérer le temps. Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l’aventure, c’est le surgissement de l’avenir. L’ennui, par contre, est vécu plutôt au présent : certes l’ennui se réduit souvent à la crainte de s’ennuyer, et cette appréhension, qui fait tout notre ennui, est incontestablement braquée vers le futur ; néanmoins le temps privilégié de l’ennui est bien ce présent de l’expectative qu’un avenir trop éloigné, trop impatiemment attendu a vidé par avance de toute sa valeur : dans cette maladie l’avenir déprécie rétroactivement l’heure présente, alors qu’il devrait l’éclairer de sa lumière. Quant au sérieux, il est une certaine façon raisonnable et générale non pas de vivre le temps, mais de l’envisager dans son ensemble, de prendre en considération la plus longue durée possible. C’est assez dire que si l’aventure se place surtout au point de vue de l’instant, l’ennui et le sérieux considèrent le devenir surtout comme intervalle : c’est le commencement qui est aventureux, mais c’est la continuation qui est, selon les cas, sérieuse ou ennuyeuse. Il s’ensuit naturellement que l’aventure n’est jamais « sérieuse » et qu’elle est à fortiori recherchée comme un antidote de l’ennui. Dans le désert informe, dans l’éternité boursouflée de l’ennui, l’aventure circonscrit ses oasis enchantées et ses jardins clos ; mais elle oppose aussi à la durée totale du sérieux le principe de l’instant. Redevenir sérieux, n’est-ce pas quitter pour la prose amorphe de la vie quotidienne ces épisodes intenses, ces condensations de durée qui forment le laps de temps aventureux "?
Jankélévitch, L’Aventure, l’ennui, le sérieux, [1963]
France Culture "Les Chemins de la philosophie "
"Les extrêmes se rejoignent; et comme on désespère d'être pauvre et seul, on s'ennuie d'être trop riche ou trop heureux; tout se change en or, et l'on crève d'indifférence, comme les hommes pauvres et seuls meurent d'indigence. Si tout est permis, rien n'est permis. Cette âme neurasthénique par trop grande liberté, trop grande virtuosité, trop grande oisiveté, ressemble à un navigateur qui meurt de soif au milieu de l'océan. Car l'abondance avilit: telle est la dérision de la concurrence. L'ennui est donc le désespoir renversé, le désespoir des millionnaires, des acrobates et des humoristes; c'est la façon qu'ont les riches d'être pauvres.
Quelle dérision !
Par: Vladimir Jankélévitch
Extrait de: L'ironie (1936)
" Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation qui n’est pas de produire et de consommer jusqu'a la fin de nos vies, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes."
" La liberté signifie la capacité de dire "OUI"" lorsque le "OUI" est nécessaire, de dire "NON" lorsque le "NON" est nécessaire et de rester parfois silencieux lorsqu'il n y a rien à dire. Il y a liberté lorsque ces trois conditions sont réunies" OSHO
Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d'osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l'existence sans qu'ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t'occupes de ton esprit avec discernement.
Transcrit par l'auteur d’après un conseil donné oralement.
JIGME KHYENTSE RINPOCHE (b. 1964)