Point de vue. Améliorer la fin de vie de nos aînés !
Améliorer la fin de vie de nos aînés
Par : Marie de Hennezel. Psychologue
Il y a quelques jours, le Comité consultatif national d'éthique a publié son rapport sur le débat public concernant la fin de vie. Les Français se rassemblent autour de l'idée que toute personne atteinte d'une maladie grave, évolutive, sans espoir de guérison, ou toute personne âgée réfléchissant aux conditions de son « mourir », doit pouvoir exprimer ce qu'elle souhaite et être entendue de ceux qui la soignent. On veut pouvoir écrire ses directives anticipées et savoir qu'elles seront respectées.
Que souhaite-t-on, lorsqu'on dit vouloir «mourir dans la dignité» ? Ne pas souffrir d'abord, ne pas être maintenu en vie par des traitements ou une alimentation artificielle, lorsqu'on estime qu'il est temps de mourir. Enfin et surtout, on souhaite mourir dans son lit et non pas à l'hôpital, sur un brancard, dans un service d'urgence. Il y a un large consensus autour d'une forme douce et sereine de glissement hors de ce monde.
Contrairement à ce qu'on nous a longtemps fait croire, la pensée de recevoir une injection mortelle, d'être précipité brutalement dans la mort, fait horreur à la plupart des gens. On s'acheminerait donc vers une nouvelle loi sur la fin de vie, rendant les «directives anticipées» plus contraignantes pour les médecins, et permettant à ceux qui le demandent de bénéficier d'une sédation.
L'écoute du médecin est au coeur de cette amélioration. C'est lui qu'on appelle au chevet des mourants, lui qui prescrit le transfert aux urgences, à défaut de savoir accompagner les derniers instants et veiller au confort et au soulagement de la personne qui va mourir. L'Observatoire national de la fin de vie parle de «naufrage social» lorsqu'il note que toutes les 40 minutes une personne âgée meurt aux urgences, alors qu'elle voudrait une mort douce dans son lit à elle, entourée des siens ou du personnel soignant, un personnel humain, chaleureux, formé à cet art de l'accompagnement, mais qui ne peut s'opposer au transfert à l'hôpital, lorsqu'il est prescrit par le médecin. On progresserait certainement si, au lieu d'attendre le dernier moment pour se préoccuper de ce que souhaite une personne en fin de vie, on dialoguait avec elle, en amont, bien avant le moment de sa mort. Pourquoi ne pas profiter de l'entrée de la personne en institution pour mettre en place un entretien de fin de vie, conduit par le médecin coordinateur qui recueillerait lui-même ses directives anticipées ?
Cet entretien de fin de vie au cours duquel la personne pourrait exprimer ses peurs et ses souhaits, permettrait au médecin de s'engager dans un contrat de non-abandon : engagement à respecter les directives, dans les limites de la loi, à ne pas laisser souffrir, ne pas forcer à s'alimenter. Engagement à soulager et à soigner, et à endormir la personne si nécessaire. Un engagement qui pourrait être la clé de l'apaisement des fins de vie de nos aînés.
C'est la raison pour laquelle une nouvelle loi ayant pour objectif d'améliorer les conditions de la fin de vie de nos concitoyens et de renforcer leurs droits n'aurait pas de sens si les médecins ne prenaient pas une part active à son application. Ce pourrait être la mission des conseils généraux d'y veiller, et d'inventer le moyen de les impliquer.