Petite histoire de la Pyra ou poire pour les intimes!
Aujourd'hui je vous présente
l'histoire et le symbole d un fruit de saison
très connu sur nos étals :
La Pyra ou poire pour les intimes !
Dessin et citation de: Daniel Champanhet "Artiste peintre"
La réalisation de ce dessin est faîte à partir d 'une technique :
"Feutres Mouillés sur papier Bristol" »
La poire n’est pas encore mûre(1), mais ne vous laissez pas facilement duper, ne jouez pas la "bonne poire"(2)
(1) "La poire n’est pas mûre", se dit d’une opportunité qui n’est pas encore venue
(2) "Etre une bonne poire", est synonyme d’être naïf
Etymologie et symbole :
Dans pratiquement toutes les langues occidentales, le nom de la poire est directement dérivé du latin Pyra. Le terme est apparu dans la langue française au XIIe siècle. Le nom de « pomme-poire » que l'on donne à la poire asiatique est erroné. Il ne s'agit ni d'une pomme, ni du produit d'un croisement entre une pomme et une poire, comme on l'a longtemps cru. C'est bel et bien une poire (du genre botanique Pyrus).
En Chine, la fleur du poirier est le symbole du caractère éphémère de l'existence, car elle est très fragile. En Occident, dans l’univers onirique, la poire est un symbole érotique féminin. Les noms qu'on lui a donnés au fil des siècles en témoignent assez bien : Belle Lucrative, Comtesse d’Angoulème, Doyenne du Comice, Duchesse d’Orléans, Joséphine de Malines, Louise-bonne de Jersey, Marie-Louise, Madeleine, Winter Nelis...
aille.
Un peu dans l' histoire :
les arbres du genre Pyrus sont originaires du Moyen-Orient et des zones subalpines du Cachemire. On trouve encore des espèces sauvages en Asie centrale et en Extrême-Orient. Leurs fruits sont petits et peu nombreux, si bien qu'ils ne sont cueillis que par les oiseaux.
On croit que les agriculteurs ont commencé à domestiquer le poirier il y a 7 000 ans, probablement en même temps que le pommier. On évoque un certain Chinois nommé Feng Li qui, 5 000 ans avant notre ère, aurait abandonné son poste de diplomate pour se consacrer à sa nouvelle passion, la greffe des pêchers, des amandiers, des plaqueminiers, des poiriers et des pommiers. Deux mille ans plus tard, la poire figure sur des tablettes d'argile sumériennes, aux côtés du thym et des figues.
Les Grecs l'auraient appréciée puisqu’Homère disait d'elle que c'était un cadeau des dieux. Mais c'est aux Romains que l'on doit sa véritable diffusion dans le reste de l'Europe. Ils l’auraient plusieurs fois croisée et auraient créé une cinquantaine de variétés. À l'heure actuelle, il y aurait dans le monde plus de 15 000 variétés, toutes dérivées de deux espèces : la poire dite asiatique (Pyrus sinensis) et la poire dite européenne (Pyrus communis).passeport santé
Galien y voit le fruit le plus propre à désaltérer, et de fait l'expression populaire " garder une poire pour la soif " n'est pas dénuée de sens. On les consommait crues ou cuites comme les pommes. Les poires les moins bonnes étaient transformées en Poiré ou en vinaigre de poire pour lequel chaque auteur que ce soit Pline, Varron ou Columelle a sa recette.
Virgile et Juvénal ont tous deux chanté les vertus de la poire. " Greffe tes poiriers, Daphnis; tes arrière-neveux en recueilleront les fruits " . Ils aimaient que:
Sur le gazon jauni roule des globes d'or... "
Les Byzantins se délectaient de poires en gelée, en confiture ou cuites avec du vin ou de l'oxymel.
En Italie, au Moyen Âge une liste destinée au grand-duc de Toscane Cosme III cite deux cent neuf variétés.
Les meilleures poires du Moyen Âge était la Saint-Rieul, l'Habisteau et surtout le Bon-Chrétien.
Saint-Louis qui souffrait d' un eczéma rebelle et de douleurs d'entrailles insista lourdement auprès du pape Sixte IV pour faire venir à Plessis-lès-Tours en 1482 un saint homme, François de Paule, dénommé le " Bon-Chrétien " chargé de le soigner. Le saint homme, un ermite calabrais quitta sa grotte des environs de Naples où il méditait tranquillement entouré de ses disciples. Il remit au roi un petit poirier importé d'Italie et lui demanda de le faire fructifier pour sa guérison. Car il avait bien vu que c'était l'âme du roi qui était malade et que les soins dispensés à cette plante seraient un bon dérivatif et le soulageraient de ses souffrances. Mais Saint Louis mourut le dernier samedi d'août 1483 sans avoir pu gôuté aux poires Bon-Chrétien lui qui espérait tant une guérison miraculeuse de ses maux de ventre d'une compote de Bon-Chrétien cuite tout doucement dans une marmite de terre enfoncée dans la cendre avec de l'eau de rose, des épices et du miel.
Selon les travaux de Jean-Louis Flandrin sur l'étude des menus du Moyen Âge et de la Renaissance, les poires étaient jugées " digestives " selon la diététique médiévale et d'après l' editio princeps du Viandier, à la fin du 15e siècle, lors des banquets donnés à la cour de Charles VII, lors du dernier " mets" on servait toujours des poires au sucre. Les médecins recommandaient de manger certains fruits en association avec d'autres aliments ou condiments pour en corriger les éventuels défauts. Ainsi les poires "venteuses " étaient souvent consommées avec du vin épicé. D'après le Thresor de santé de 1607 , " comme elles sont fort venteuses " doivent être " cuites en la braise avec anis, fenouil et coriandre" et il faut boire " incontinent après un bon verre de vin vieux ". Elles sont même " bonnes et profitables cuites en bon vin rouge, lardées de clous de girofle, sucre et cannelle, et servies avec force beurre frais, fromage chaud sur le réchaud, sucre et épices. " Les proverbes anciens reflètent ces principes de l'ancienne diététique: " De bon fruit, mauvais vent et bruit", " Après la poire, le vin ", " Sur poyre vin boire ", " Après la poire, le vin ou le prêtre" et " After a pear, wine or a priest ".
En Europe centrale et orientale les fruits, frais, séchés, en compote, tenaient une plus grande place dans la cuisine, non seulement dans les desserts mais aussi en accompagnement des plats de viande et de volaille comme aromate et condiment, ce qu'ont noté avec étonnement Montaigne et d'autres voyageurs français en Allemagne. D'après le Dr Maugue, le schnitz était une conserve de "poires séchées au four et cuites dans un pot avec de la graaisse ou du lard ". Arthur Young écrit que " le schnitz est un plat de jambon et de poires cuites; on dirait un mets pour le dîner du diable; mais en la goûtant je fus surpris de le trouver mieux que passable."
Montaigne en 1580 remarque dans les auberges bâloises, " des poires cuites avec le rôti " et s'étonne que les habitants " mêlent des prunes cuites, des tartes de pommes et de poires au service de la viande. "
En 1630, Jean-Jacques Bouchard qui à l'instar de ses contemporains réprouve la cuisine épicée et les mélanges sucrés-salés, écrit sur la Provence: " les vivres s'apprêtent à l'italienne avec force épices et sauces extravagantes et de haut goût [ et on y ] fait aussi comme en Italie, quantité de sauces douces avec raisins de Corinthe, raisins secs, pruneaux, pommes, poires et sucre. "
Tout comme nous manquons d'informations sur la place des fruits dans l'alimentation paysanne au temps jadis, nous ne savons pas grand chose sur ce qu'ils buvaient et la boisson des paysans fait l'objet de polémiques entre historiens. Le Lyonnais Bruyerin Champier, médecin de François Ier, écrit au 16e siècle: " Certains en vérité confectionnent des breuvages avec des pommes, des poires, des cerises, des prunes et par le ferment et les sorbes acides imitent le vin, mais ils n'usent pas de ces boissons quotidiennement ; seulement les jours de fête et certains autres, auxquels ils s'efforcent de récréer leurs corps quand ils sont épuisés et affaiblis par les travaux."
Jean-Baptiste de la Quintinie, directeur des jardins du roi Louis XIV, qui recense cinquante variétés de poires bonnes, quarante-cinq variétés de poires médiocres, soixante-neuf variétés de poires mauvaises, plus huit poires à cuire, place la poire Bon-Chrétien, comme " la première des poires ". Et parmi les poires à cuire il a une prédilection pour la Catillac. Il ajoute : " Outre les méchantes poires spécifiées ci-dessus, voici une liste particulière de celles que je ne conseille à personne d'en planter (quarante-trois variétés), et enfin une liste de celles dont je ne fais pas assez de cas pour conseiller de les planter, ni assez de mépris pour les bannir des jardins de ceux qui les aiment. " Ce qui nous met à cinq cent variétés.(source internet)
Charles X en dégusta également lors de son sacre en 1825, tandis que le maire de Reims lui disait "
Nous vous offrons ce que nous avons de meilleur : nos vins, nos poires et nos cœurs".
Belle journée à tous PATY