La chanteuse Camille raconte Hildegarde, son "âme soeur"
La chanteuse Camille raconte Hildegarde, son "âme soeur"
Ce matin en lisant mes documentations sur Hildegarde de Bingen grande phytothérapeute des temps modernes que j'adore par tant d' authenticité et toutes ses découvertes qu'elle nous a offerte, j ai retrouvé cet interview de Camille que je partage avec vous !
Bon mercredi ensoleillé Paty
Comment avez-vous « rencontré » Hildegarde de Bingen ?
Il y a une dizaine d’années, ma sœur, qui travaillait alors à la FNAC, m’a apporté le disque « les chants de l’Extase » et j’ai écouté la musique si atmosphérique, subtilement répétitive comme les ragas indiens, d’Hildegarde. J’ai été apaisée, et je n’ai plus cessé d’ écouter ce CD. Il avait vraiment un effet physique sur moi. Je pense que cela a à voir aussi avec le fait que la musique modale est moins habituelle dans notre environnement musical. Quand j’étais enceinte, je chantais souvent Hildegarde et j’avais aussi monté un projet, a capella, toute seule, dans lequel je revisitais des chants religieux de tous horizons. Cela s’appelait « God is sound » et la deuxième chanson était une réinterprétation d’un hymne d’Hildegarde. Mon fils l’a beaucoup écoutée in utero ! Par la suite, j’ai découvert toutes les autres dimensions d’Hildegarde.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement intéressée dans son parcours ?
C’était un génie qui, grâce à son énergie spirituelle, a eu le temps de travailler sur tous les plans. Elle a eu cette chance de travailler jusqu’à très tard dans sa vie. J’aime ses livres où elle répertorie plantes, pierres, animaux…Thérapeutiques, ses textes sont aussi poétiques, avec cette écriture un peu désuète et si descriptive qui me fait penser parfois à Francis Ponge dans « Le parti pris des choses ». J’ai aussi « plongé » dans sa médecine. Cet été, j’ai essayé « le petit épeautre » dont elle parle beaucoup, et j’ai constaté ses vertus digestives, le serpolet aussi…J’aime que cette sagesse et cette médecine anciennes nous soient transmises. Avec Hildegarde, on n’a pas besoin d’aller chercher ailleurs, à l’autre bout du monde, et dans d’autres cultures, des produits pour se soigner. Nos céréales européennes ont de grandes vertus !
Si vous deviez décrire Hildegarde, comment l’imaginez-vous ?
Pour moi elle était comme une chamane. Ses dessins d’ailleurs, tous plus beaux les uns que les autres, font penser à de l’art africain. Elle devait être la fois très présente et un peu absente, comme le sont tous les grands êtres spirituels. Diaphane, presque translucide, mais tellement puissante !
Vous êtes, on le voit, très sensible à la spiritualité, mais avez souvent déclaré que vous étiez athée…Comment vivez-vous cette contradiction ?
J’aime tout ce qui a trait à la spiritualité, mais sans adhérer à une religion. J’interroge ainsi un certain héritage : par exemple, quand je chante dans une chapelle, je suis parfaitement consciente que je suis dans un lieu spirituel, que la musique est un vecteur spirituel. Je cherche souvent à re-sacraliser ce que l’on a oublié. Même si je suis détachée de la religion, je vais dans un même sens.
Au niveau de votre art, qu’est-ce que cela change ?
Quand je me produis dans des chapelles, je vis vraiment une expérience physique particulière. Déjà, ces lieux d’architecture sonore permettent que tout « s’élève » : les voix, les esprits, les cœurs…On peut chanter a capella, sans aucune amplification, et pourtant une vibration puissante se diffuse naturellement. il y a aussi cette expérience particulière : quand le concert est fini, je me sens nourrie d’une énergie et d’un amour énormes, qui n’ont rien à voir avec ce que je ressens quand je fais Bercy ou une autre grande salle parisienne. Dans ces lieux électrifiés, c’est l’ hybris, une grande excitation qui domine. Alors que quand j’ai donné un concert dans une chapelle, je sens à la fois de la simplicité et de la puissance en moi. Je suis forte, mais sereine.
Le 7 octobre, Hildegarde de Bingen a été nommée docteure de l'Eglise universelle par Benoît XVI. Pionnière de l'écologie et de la médecine naturelle, cette abbesse du XIIe siècle fut aussi femme de lettres et musicienne exceptionnelle. La chanteuse Camille, véritable chercheuse de sons, dit de Hildegarde qu’elle est son "âme sœur". Pour La Vie, elle nous parle de cette affinité élective.
Partage de Camille s 'adressant à sa soeur Hildegarde de Bingen