L'importance de la place dans la fratrie !
L'importance de la place dans la fratrie !
La position qui est la nôtre au sein de la famille ainsi que les projets parentaux qui y sont intimement liés auront des incidences durables, voire définitives sur nos vies influençant notre insertion professionnelle et sociale.
Les premières relations que l'enfant met en place sont celles qu'il crée avec ses parents. Il va y faire référence tout au long de sa vie s'y opposant ou en y adhérant , jusqu'au jour où, faisant un travail sur lui-même, il relativisera ces habitudes de fonctionnement, il pourra alors non pas les faire disparaître mais s'en libérer un peu.
Quelles sont les spécificités le plus souvent rencontrées liées à la place dans la fratrie ?
Le statut d'aîné Il porte souvent les désirs conscients et inconscients des parents. Ex : ce qu'ils n'ont pas pu avoir ou n'ont pas pu être. Il peut aussi être vécu comme le prolongement des parents, ceux-ci lui donnant les responsabilités qu'ils n'arrivent pas à assumer seuls. Ex : soin des frères et soeurs. Il m'arrive souvent d'entendre, des ainés parlant de leurs frères et sœurs :« On m'a demandé de les soigner, de les porter, on m'a rendu responsable de leurs bêtises. On m'a demandé d'être pour eux un modèle. C'était trop lourd !. Pas étonnant que je me sente toujours écrasé ! incompétent ! Pas étonnant que je secoue les autres en permanence sans pouvoir penser à moi. Que je me sente responsable et coupable tout le temps ! Je suis dans le rôle qu'on m'a donné »
Les parents nouent avec l'ainé(e)une relation fortement imprégnée de celle qu'ils avaient eu avec leur mère pour la 1ère fille, leur père pour le 1er fils.
Certaines personnes jeunes viennent en psychanalyse avant d'avoir des enfants pour ne pas reproduire avec eux les modes de fonctionnement établis dans l'enfance avec les membres de leur famille.
Cependant être l'aîné comporte un gros avantage, celui d'être ‘le plus grand', place enviée par le plus petit. Ce statut prédispose souvent, en insertion professionnelle, aux postes à responsabilités et aux emplois sociaux.
‘Le petit' ou le plus jeune aura l'avantage de bénéficier de ce que les parents auront vu de leurs erreurs avec les grands. Mais d'autres erreurs seront fréquentes : On dit souvent que le dernier profite de plus de souplesse, moins d'autoritarisme de leur part. C'est le cas lorsque les parents ont eu le nombre d'enfant souhaité. Par contre s'ils restent dans la frustration, ils ont tendance, inconsciemment, à l'empêcher de grandir ; l'enfant se sent ‘le petit', le ‘moins fort', ‘moins intelligent', moins... Et il peut avoir de la difficulté à prendre sa place sociale. J'avais dans ma clientèle une patiente qui avait trois doctorats et qui continuait à se sentir ‘petite' !
Dans les familles où le nombre d'enfants est impair, il y a un enfant au milieu qui sépare le groupe des grands du groupe des plus jeunes. Cet enfant sera, le plus souvent, épargné des projets des parents, surtout si, avant lui se trouvent déjà garçon et fille.Mais, l'enfant, les percevant moins motivés à s'occuper de lui, peut se sentir moins aimé.. Il sera davantage ‘l'original, l'artiste', il aura plus de liberté intérieure. Mais, ni dans les grands, ni dans les petits il se sent un peu seul, différent.
Une cliente était la septième d'une famille agricultrice de treize enfants. Elle était « transparente » autant dans les groupes qu'elle fréquentait qu'au sein de sa famille. Mais après un travail sur elle-même, elle s'est découverte artiste et est devenue styliste.
Les autres enfants trouvent leur place à leur façon.
Et l'enfant unique ?
Il a évidemment plus tendance à se croire le centre de l'univers puisqu'il est le seul vers lequel convergent les regards des parents. Cependant l'enfant unique est-il plus sûr de lui ? En sera-t-il plus solide ? Il semble qu'il soit plus confiant dans son importance mais il a souvent beaucoup besoin du regard des autres pour se situer.
En étant seul dans son monde au côté de deux adultes, l'enfant unique perd quelque chose car même si la fratrie est aussi une source de conflits, on y apprend la vie en société.Il est donc très important de l'intégrer très jeune dans des groupes où il vivra une socialisation par la relation d'égal à égal : crêche, halte-garderie...
Existe-t-il un nombre souhaitable pour composer une fratrie ? Le nombre importe peu. Il y a de grandes familles heureuses et de petites familles heureuses. Ce qui importe, c'est que les parents aient autant que possible le nombre d'enfants qu'ils souhaitent avoir et qu'ils puissent l'assumer en ayant une relation individuelle à chacun.
Si on ne les a pas tous désirés ? Il faudra les adopter deux fois au lieu d'une ! Une première fois parce qu'on ne les a pas prévus, une seconde fois parce qu'ils ne seront de toute façon pas comme prévu, qu'on les ait voulus ou non ! « On sait qu'on aime quelqu'un quand on l'aime encore alors qu'il nous a déçu »
Existe-t-il un espacement souhaitable entre deux enfants de la fratrie ?
Oui. Le petit enfant ne s'aperçoit pas qu'il existe des relations extérieures à lui avant deux ans et demi, trois ans. Il se sent le centre du monde. Lorsqu'il s'aperçoit qu'entre son père et sa mère (beau-père, belle-mère), il existe une relation, ça le dérange et veut la casser en se mettant au milieu. Si les parents savent leur faire vivre que ce n'est pas possible (Ex : en ne le laissant pas entre eux dans le lit sur le canapé, en lui disant que là n'est pas sa place, mais aussi en le rassurant sur l'amour qu'il lui porte) il sera triste quelques semaines, sera peut-être un peu malade mais il acceptera qu'il y ait des choses dans la vie dans lesquelles il n'a rien à voir. L'enfant ‘fera son deuil'.
Dégagé de la préoccupation à être le centre du monde, rassuré qu'il est toujours aimé, il lui vient le désir de grandir, d'apprendre, il devient apte à l'apprentissage, apte à entrer à l'école. Du même coup, c'est à partir de là qu'il est prêt à accepter que ses parents créent une nouvelle relation avec un petit frère. Certes, à l'arrivée du plus jeune, il y aura un peu de jalousie mais sans grand dommage, sans grand drame.
Quand la famille se recompose, que fait-on de la place de chacun ? Toucher à la place d'un enfant, c'est lui faire perdre sa place, cela peut entraîner des maladies très graves...le rendre agressif, violent pour la vie.
Le plus souhaitable, il me semble, est de faire vivre aux enfants que 2 fratries, sans en modifier la structure, vont désormais cohabiter, sans plus. Laisser à chacun la liberté et le temps d'établir avec ces « nouveaux venus » ( y compris le beau-père ou la belle -mère) la relation qui lui est propre. Les sentiments ne se commandent pas, on ne devient pas frère ou sœur ou « enfant de », parce que les parents sont devenus amoureux l'un de l'autre. Il en est de même pour les beaux-parents : on n'est pas maître de ses sentiments envers les beaux-enfants.Le respect des sentiments, quelqu'ils soient, de chacun est le facteur indispensable pour favoriser les bonnes relations et la survenue éventuelle de sympathie voire plus.Bien entendu, il va de soi, que chacun respecte les règles sociales de politesse, non-agression physique, liberté de parole mais sans insulte.
Nous voyons donc que :La place dans la fratrie est un acquis à la naissance, un repère, il ne doit pas être remis en question sauf pour le plus jeune qui peut vivre l'arrivée d'un plus petit que lui, il devient le plus grand par rapport au nouvel arrivant. Grandir est valorisant, c'est dans l'ordre des choses donc supportable même s'il en est dérangé.Ceci est vrai aussi pour les enfants adoptifs : quand on adopte un enfant, il est important qu'il soit plus jeune que le dernier de la famille.Si, dans certaines familles, les choses ne se sont pas passées ainsi, il est important que l'enfant traumatisé et les parents soient suivis pour l'aider à se faire une place afin de ne pas avoir à la faire dans la violence ou la maladie.
Minou Poirier
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