Accompagner les traitements du cancer par les plantes
Accompagner les traitements du cancer par les plantes
Optimiser les résultats des chimiothérapies et atténuer les effets secondaires, c'est possible grâce aux plantes. Un spécialiste nous livre ses conseils.
Par Sophie Bartczak
Une ampoule de ginkgo biloba, aux vertus antioxydantes et aux bienfaits sur la microcirculation. © BSIP / AFP
Certaines découvertes récentes démontrent la supériorité du monde végétal pour prévenir le cancer avec des superaliments comme les choux, l'ail, l'oignon, le curcuma, le thé vert, les fruits rouges, la spiruline ou encore le chocolat. Cependant, quand il s'agit de traiter et d'éradiquer la tumeur, il n'existe pas, en l'état des recherches actuelles, de traitement à base de plantes. Ces dernières seront uniquement des soutiens en accompagnement des thérapies, et cela en concertation avec l'oncologue référent. Le Dr Éric Ménat, médecin généraliste, enseignant en phytothérapie et nutrition à la faculté de médecine de Bobigny (Paris 13) et titulaire d'un diplôme de carcinologie clinique, nous livre ses conseils pour mieux vivre son cancer pendant et après les traitements.
Protéger le foie
Pour accompagner les chimiothérapies, le desmodium (Desmodium adscendens) est la première plante que conseille le Dr Ménat. Originaire d'Afrique, cette plante aux fleurs pourpres est un des plus puissants protecteurs du foie. À ce titre, elle prévient efficacement les effets secondaires de la chimiothérapie et aide ainsi à mieux la supporter : les nausées sont atténuées, et la récupération devient plus rapide. Pour que le desmodium soit suffisamment efficace, il faut demander en pharmacie une forme assez dosée comme les EPS (extrait fluide de plante sèche) plutôt que des gélules. Il accompagnera ainsi les chimiothérapies le jour même et les jours qui suivent, en fonction des nausées. Après les protocoles de chimiothérapie, d'autres plantes protectrices et régénératrices du foie peuvent prendre le relais, comme le chrysantellum, le romarin et le chardon-Marie, et dans une moindre mesure les feuilles d'artichaut, le pissenlit, le fumeterre ou le boldo. Une tisane ou un mélange en gélules de boldo et romarin seront un duo intéressant à la fin des repas du midi et du matin durant deux ou trois mois.
Le ginkgo biloba pour les radiothérapies
Depuis plus de 2 000 ans, ce magnifique arbre, pouvant dépasser 30 mètres de haut, est connu et utilisé en Chine pour ses propriétés médicinales et fut introduit en Europe au XVIIIe siècle. Goethe, qui s'est passionné pour le monde végétal, lui avait même consacré un poème. Ce serait le plus vieil arbre du monde, et sa longévité est hors du commun, puisque l'arbre aux cents écus - son autre nom - peut vivre plus de 1 200 ans. On lui prête des vertus de radioprotection car il se raconte que ce serait le seul arbre à avoir survécu à la bombe nucléaire d'Hiroshima. En fait, cela tient plus de la légende, d'autres arbres ayant également bien résisté. C'est surtout pour ses vertus antioxydantes et ses bienfaits sur la microcirculation que le ginkgo est un allié intéressant pour accompagner les radiothérapies. Le Dr Ménat recommande de le prendre avant et après la radiothérapie sous forme liquide en teinture mère, en EPS ou en gélules, en demandant conseil au pharmacien sur les quantités, car elles sont très variables selon la forme. Comme pour toutes les autres plantes, demandez toujours conseil à votre médecin, le ginkgo pouvant interférer avec certains traitements et étant à éviter à proximité d'une opération chirurgicale à cause de son effet fluidifiant sanguin. Pour accompagner les radiothérapies et éviter les brûlures, le Dr Ménat conseille d'utiliser les huiles essentielles de lavande et de niaouli en massant quelques gouttes sur la peau, diluées dans une base d'huile végétale (huile d'amande ou de millepertuis, par exemple) et de gel d'aloe vera. Par prudence, mieux vaut réaliser cette application juste après chaque séance de radiothérapie plutôt qu'avant, car les corps gras pourraient diminuer l'efficacité du traitement.
Bien récupérer et résister aux infections
Pour accompagner le terrain affaibli par la maladie et les traitements, l'échinacée (Echinacea spp.), un très bon immunostimulant, permettra de limiter les infections et de bien récupérer. Pendant et après les traitements, sous forme de tisanes, de teinture mère ou de gélules, elle peut être prise en cure discontinue, deux semaines sur trois, par exemple. La propolis est un autre antibiotique naturel particulièrement puissant. Les abeilles la fabriquent à partir de résine végétale et s'en servent comme anti-infectieux pour assainir la ruche. "Une cure de propolis la semaine qui précède la chimiothérapie permettra de limiter les baisses de globules rouges, globules blancs et plaquettes, explique le Dr Ménat. Par ailleurs, les qualités de propolis sont très variables. Privilégiez celles proposées par votre pharmacien ou en magasins de diététique."
Les plantes qu'il faut éviter
Le pouvoir des végétaux n'est pas à prendre à la légère, et les personnes qui souhaitent accompagner leurs traitements du cancer par les plantes doivent réellement entamer un dialogue avec leur médecin.
Ainsi, par exemple, le curcuma, fréquemment cité pour son efficacité dans la prévention du cancer, potentialise les effets de molécules utilisées pour certaines chimiothérapies, augmentant leurs effets secondaires.
Le pamplemousse serait également à éviter en même temps que les traitements car il interagit avec un grand nombre de médicaments. De même, certaines plantes comme le ginseng seraient également à éviter par prudence sur un terrain cancéreux.
En cas de cancers hormonodépendants (cancer du sein et de l'utérus notamment), les femmes doivent éviter les plantes qui contiennent des phyto-oestrogènes, des molécules qui miment les hormones féminines du corps. Parmi ces plantes, citons par exemple le trèfle rouge (Trifolium pratense), l'actée à grappes noires, le dong quai (Angelica sinensis), le gattilier, le soja (Glycine max), la ballote (Ballota nigra), la bourrache (Borago officinalis).
"Il est important de toujours demander l'avis d un professionnel de santé avant de faire une cure de plante" Paty