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Le blog de patybio

"Le Miracle Spinoza "

16 Février 2018, 19:04pm

Publié par patybio

"Le Miracle Spinoza "

"L' éthique, un guide vers la joie parfaite"
Baruch SPINOZA

Petit arrêt sur la biographie de : "Baruch Spinoza"

Spinoza – Bento alias Baruch, Benoit : « béni » – naît le 24 Novembre 1632 à Amsterdam, dans une famille de commerçants juifs portugais assez nombreuse et relativement aisée. Son père Michael est un membre respecté de sa communauté et participe activement à l’organisation de celle-ci dans différents conseils de laïcs.

Les Pays-Bas sont alors secoués à la fois par des guerres avec l’Espagne, puis l’Angleterre et la France, ainsi que par une lutte interne entre les orangistes et les républicains, lutte aux nombreuses volte-face et qui se poursuivra jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Le jeune Baruch semble avoir brillé durant ses années d’études, qu’il ne poursuivit cependant pas très loin – en tout cas certainement jusqu’à l’âge de 14 ans -, contraint de rapidement s’occuper des affaires commerciales de la maison Spinoza dès la fin des années 1640 et plus encore après la mort de son père en 1654. Ces années d’études furent pour lui en tout cas l’occasion d’acquérir une connaissance approfondie de la Bible, des grandes sources rabbiniques, et d’apprendre l’hébreu – en plus du portugais, langue maternelle, de l’espagnol, langue littéraire, et du néerlandais, langue du commerce et du droit.

 

Pourquoi lire Spinoza

 

 

Il appartient à chacun de définir les raisons pour lesquelles il lit Spinoza, ou de ne pas les définir. On peut lire différents textes de Spinoza "pour le fun", sans trop savoir pourquoi. Il parle de liberté, de vérité, de joie éternelle et essaye de tenir cela ensemble. Voilà qui somme toute n'est pas courant chez un philosophe : pour certains, comme Kant ou Sartre, exercer sa liberté, c'est renoncer au bonheur. Vouloir la vérité, c'est préférer la lucidité aux illusions du bonheur et de l'amour. Pour d'autres, comme Nietzsche, l'affirmation de soi est plus importante que la vérité. Eh bien Spinoza, lui, dit qu'on peut à la fois être lucide et heureux, vertueux et joyeux, libre et vrai. Voilà donc de quoi piquer la curiosité et cela suffira à beaucoup pour aller lire Spinoza.

Mais on peut aussi aimer Spinoza d'abord parce qu'il s'y entend fort bien à nous désillusionner. Nous avons en effet affaire à un bonhomme dont l'intelligence était particulièrement aiguisée, qui aurait pu utiliser cette intelligence pour devenir riche et/ou adulé de ses contemporains et/ou séduire de nombreuses femmes. Ou alors il aurait pu utiliser cette intelligence, comme tant d'autres, pour se raconter des histoires, afin de pouvoir se faire une haute idée de lui-même tout en satisfaisant de façon détournée l'aspiration de chacun au plaisir, à donner un sens à sa vie, à la reconnaissance, à l'immortalité... Or il démontre que la passion est essentiellement servitude, que la vie n'a pas de sens, qu'il n'y a pas de passion éternelle, qu'il n'y a pas d'immortalité possible du corps comme de l'âme...

Mais quel intérêt peut-il y avoir à se désillusionner avec Spinoza ?... ou avec quiconque d'ailleurs... Chacun peut sentir qu'il s'agit là de liberté. Que beaucoup préfèrent être la dupe des illusions qu'ils se forgent ne fait guère de doute. Mais il est également possible de préférer une désillusion lucide à un bonheur illusoire. Parce que quitte à vivre, autant vivre vraiment la vie telle qu'elle est que de vivre dans un paradis d'ombres, ce qui revient à ne pas vivre.

S'agit-il par là de pouvoir trouver la satisfaction d'être au dessus des autres, de ces médiocres qui conformément à la masse informe des autres médiocres préfèrent l'illusion à la liberté ? Peut-être pour certains lecteurs de Spinoza. Mais ils lisent assez mal Spinoza, lui qui montre qu'il n'y a pas de supériorité morale ou ontologique de celui qui y voit sur l'aveugle, de l'enfant sain sur l'enfant malade et donc du sage sur l'ignorant. Non, il s'agit simplement de se désillusionner pour vivre sa vie, telle qu'elle est, au lieu de l'imaginer. Cela suffit à qui veut la liberté, à qui veut simplement vivre.

Et puis l'illusion fait finalement beaucoup plus souffrir que la lucidité. Combien d'efforts faut-il pour se convaincre que nos illusions n'en sont pas ? Combien de déceptions, de dépressions, d'accusations, de jalousies, de haines à cause de l'illusion ? A l'inverse, quand on a laissé de côté tous ses châteaux en Espagne, quand on s'est déchargé de la tâche infinie de se convaincre que nos illusions n'en sont pas, comme la vie devient légère et simple ! On peut donc lire Spinoza pour se défaire de la servitude des illusions, pour vivre la vie telle qu'elle est et la vivre légèrement.

Lire Spinoza, une thérapie ? un moyen donc de soigner les souffrances mentales dues aux illusions ? Oui, si l'on veut. Mais il s'agit là surtout des souffrances ordinaires que l'on s'inflige ou que l'on en vient à infliger aux autres pour défendre nos chères illusions. Pour les cas pathologiques graves, il est sans doute nécessaire de se faire aider par un tiers, autant que possible compétent, bienveillant et neutre. La "thérapie" spinozienne s'adresse surtout aux souffrances dont on s'aperçoit à peine, parce que l'illusion domine. Mais c'est un bon moyen de prévenir contre les névroses, voire les psychoses.

Et aussi "l'éthique" de Spinoza ne saurait se réduire à une thérapie. Une thérapie ne vise qu'à vaincre les causes d'une souffrance, à détruire ce qui me détruit. Il ne s'agit pas avec Spinoza de se contenter de ne pas souffrir, de définir le bonheur comme une simple absence de souffrance. Vivre "légèrement" ne signifie pas ici vivre banalement, comme une vache attachée au piquet de l'instant. Vivre sans la contrainte que génère l'illusion, c'est libérer la force d'exister, de s'affirmer et de cultiver cette force.

La joie de vivre est dynamisme : "augmentation de ma puissance d'exister" dit Spinoza. L'éthique de Spinoza ne propose rien moins que de donner accès à une joie éternelle et continuelle de vivre. Comment ? Par la connaissance de soi et de sa relation essentielle avec la nature. En examinant cela, Spinoza fait d'une pierre deux coups, il détruit les préjugés et construit les moyens d'une existence sereine et active. Renoncer à l'illusion n'est pas renoncer à la joie de vivre, si l'on se donne les moyens d'une joie sûre, fondée non sur les vains désirs issus de l'imagination, mais sur le désir essentiel d'exister qui se comprend à la fois rationnellement et intuitivement.

Aussi, il ne s'agit pas avec Spinoza de ne trouver son bonheur que dans une connaissance théorique de la nature et de l'homme. Se libérer des préjugés a une conséquence pratique : se libérer des servitudes et souffrances inutiles qu'ils génèrent. De même, juger de façon réfléchie a une conséquence pratique non moins évidente : celle d'abord d'ouvrir des perspectives, ce qui permet de vivre des choses qui auraient été impossibles autrement, du fait même qu'elles étaient ignorées ; ensuite d'augmenter sa puissance de vivre en augmentant sa puissance de penser.

Il est stupide d'opposer l'intelligence et la vie. Ne vivre qu'en percevant les choses, sans les comprendre, ce n'est vivre qu'à moitié. Et même celui qui vit sans jamais cultiver son intellect ne vit qu'à travers ce qu'il croit comprendre de l'existence. Quoique son intellect soit largement dominé par les sens, c'est toujours l'idée qu'il se fait de la vie qui le détermine à vivre ceci ou à ne pas vivre cela. Aussi, augmenter sa puissance de comprendre, c'est bien augmenter sa puissance de vivre.

Alors pourquoi lire Spinoza ? Pour examiner les idées au travers desquelles nous vivons ordinairement, pour voir s'il ne s'agit pas là de préjugés qui nous asservissent et génèrent des souffrances inutiles et vaines. Pour cultiver notre intelligence de la vie et de la sorte vivre plus pleinement sans que cela signifie perte de lucidité, vivre plus librement donc.

Les œuvres principales 
 

L'Ethique est l'œuvre majeure de Spinoza, celle dans laquelle il examine dans un espace somme toute assez réduit les grandes questions de l'existence humaine : quelle est l'origine de l'homme, ce qu'il est essentiellement, les moyens de vivre pleinement sans se raconter d'histoires, ce qu'il devient après l’événement dit de la mort etc. L'intérêt de cette œuvre est surtout de prendre le lecteur "par la main", non d'une main dure qui vous pousse en avant malgré vous, mais d'une main amicale et douce, comme une main qui se tend vers vous dans l'obscurité et qui vous guide vers un peu plus de lumière. Cette main, c'est l'ensemble des démonstrations qui structurent l'Ethique : personne n'y est sommé d'admettre telle ou telle vérité sans comprendre, sans pouvoir la faire complètement sienne.

Le Court Traité est une esquisse de l'Ethique qui permet de comprendre la gestation du système, et s'adresse à des amis (ce texte est le résultat de notes prises par eux). On y trouve certains points que l'Ethique précisera, mais d'autres qui n'y seront pas repris (par exemple, la question de l'existence du diable).

Le Traité de l'Amendement de l'Intellectest une réflexion sur le pouvoir de connaître et de voir avec les yeux de l'intelligence. Il s'agit donc de le préparer à son activité essentielle qui est de comprendre la vie.

Le Traité Théologico-Politique examine les relations de l'homme avec son environnement et propose une méthode pour comprendre de l'intérieur les textes, même sacrés, et les lois que se donnent les hommes. Les comprendre de l'intérieur pour n'avoir à se soumettre finalement qu'à soi-même au lieu d'être uniquement soumis à des autorités extérieures. L'objet de ce livre étant ainsi de défendre la liberté de penser et la tolérance à l'égard d'autres façons de penser que la sienne.

Les Principes de la Philosophie de Descartes sont une façon d'exercer l'intelligence à connaître rationnellement, même si la philosophie de Descartes reste encore quelque peu soumise à des autorités extérieures à la raison et si elle ne permet pas d'aller jusqu'à une éthique philosophique.

Les Pensées Métaphysiques font la part des idées purement abstraites et creuses et des idées qui ont un contenu solide et rigoureux en ce qui concerne les premiers principes de l'existence (Dieu, l'Être, l'éternité, la liberté etc.).

Le Traité Politique développe des points esquissés dans l'Ethique sur la meilleure façon de vivre ensemble pour des hommes.

Enfin les Lettres reprennent pour des amis ou connaissances de Spinoza divers points de sa philosophie, pour les développer selon un jour différent en fonction des capacités de compréhensions de l'interlocuteur estimées par le philosophe.

L'œuvre de Spinoza est par rapport à celle de beaucoup d'autres philosophes assez brève et les mêmes idées y sont régulièrement reprises sous des angles différents. Voilà qui peut permettre d'éviter le découragement qu'il y a à lire certains philosophes. Certes, Spinoza est aussi difficile à lire qu'il est bref. Mais sa difficulté participe de son attraction, un peu comme une montagne difficile à gravir.

En outre, on ne trouve pas réponse à tout dans la philosophie de Spinoza, on trouve surtout une façon particulière de réfléchir, une méthode si l'on veut, singulièrement libératrice. Qu'il n'y ait pas de vocation encyclopédique à la philosophie de Spinoza laisse ainsi le lecteur libre de défricher les nombreux terrains non abordés par Spinoza, avec les outils qu'il propose. Et surtout, l'objet principal de sa philosophie éthique étant la connaissance individuelle de soi, dans son rapport avec la nature, l'Ethique ne fait qu'indiquer un cheminement pour parvenir à ce but, reste à chacun d'emprunter ce chemin pour voir par lui-même à quelle expérience il mène.

L'œuvre de Spinoza est surtout connue comme l'un des systèmes philosophiques les plus aboutis : aucune affirmation n'y est gratuite et arbitraire, tout prend sens par rapport à un ensemble cohérent. Mais ce caractère systématique serait interprété à tort comme ne laissant place à aucune originalité personnelle et encore moins comme aboutissant à une exclusion sectaire de tout ce que le système n'aborde pas. Ce serait en effet oublier que son objet principal est la connaissance et la joie de l'individu. Dès lors qu'on suit le chemin tracé par l'Ethique en ce sens, on sort forcément des sentiers battus puisque aucun livre ne peut parler de son lecteur dans ce qu'il a de précisément individuel, autrement dit unique.

Ref : Spinoza et nous 

Si l'on s'accorde aujourd'hui à voir en Baruch Spinoza l'un des philosophes les plus importants de tous les temps, on ne saurait oublier qu'il fut de son vivant l'un des penseurs les plus révolutionnaires et les plus controversés. Né dans une famille de négociants juifs portugais installée à Amsterdam, Spinoza fut banni, jeune homme, de la communauté séfarade, semble-t-il pour ses opinions jugées hérétiques.

"Le Miracle Spinoza "

 

"Le miracle de Spinoza "

Fréderic Lenoir 

 

De Nietzsche à Einstein, en passant par Bergson et Freud, les plus grands penseurs modernes ont affirmé leur dette envers celui qu'ils considèrent comme le plus grand des philosophes : Baruch Spinoza, philosophe hollandais du XVIIème siècle.Exclu à 23 ans de la synagogue pour avoir proposé une lecture rationaliste de la Bible, Spinoza a mené une existence modeste et solitaire, refusant les rentes et gagnant sa vie comme simple polisseur de verre.Frédéric Lenoir rend ici accessible la pensée complexe de ce sage en montrant comment il a révolutionné notre vision du monde. Précurseur des Lumières, il est le premier penseur occidental à imaginer un Etat de droit fondé sur la séparation des pouvoirs politiques et religieux et garantissant la liberté de conscience et d'expression des individus. Pionnier de l'exégèse historique et critique des textes religieux, ancêtre de la psychanalyse (il montre que nous ne sommes pas libres, car nous sommes mus sans le savoir par nos pulsions, nos désirs et nos émotions), c'est aussi un penseur moniste (Dieu et la Nature ne sont qu'une seule et même réalité) dont la vision du divin rejoint celles des sages de l'Inde. Mais, surtout, Frédéric Lenoir s'attache à montrer comment Spinoza nous aide à vivre, en proposant une éthique fondée sur la connaissance de soi qui vise à nous conduire à la joie parfaite.

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